Selon le Réseau Syrien des droits de l’Homme, plus de 14 000 personnes seraient mortes dans les prisons syriennes de Bachar Al-Assad depuis mars 2011. 98 000 personnes sont considérées comme disparues. La torture y est érigée en système et parfaitement documentée. Les témoignages de survivants se multiplient et permettent ainsi de se faire une idée très précise d’un système carcéral voué à la destruction de toute velléité de résistance.
La publication de témoignages est donc cruciale pour espérer qu’un jour la justice fasse son œuvre.
« Après les hommes, c’était au tour des femmes. »
Lula Khalil Agha, traduite par Firas Kontar le 23 février 2020
Lula Khalil Agha rescapée des geôles d’Assad, une histoire de survivante des prisons parmi d’autres dans la Syrie d’Assad
« Je suis resté dans les prisons d’Alep pendant environ un an, puis ils m’ont transféré à la prison d’Adra (Damas), et j’y suis resté plus d’un an. J’ai appris que mon mari était également enfermé dans cette prison, ils nous ont autorisé plusieurs rencontres, il était méconnaissable et très malade. Ils l’ont menacé de me violer. Quand je l’ai vu la dernière fois il était en train de mourir, sa mort m’a été annoncée le lendemain. »
« Hommes femmes et enfants étaient rassemblés dans un même endroit. Ils forçaient les hommes à se déshabiller puis ils les torturaient, certains d’entre eux mouraient pendant la séance torture, et après les hommes c’était au tour des femmes. »
« Ils torturaient des enfants de moins de 12 ans pour extorquer des aveux à leur mère et torturaient les personnes âgées pour les forcer à fournir des informations sur le lieu où se trouvaient leurs enfants membres de l’opposition. »
« Après près de trois ans de détention, ils m’ont emmené au tribunal, qui m’a condamné à six ans de prison, mais grâce important pot de vin payé par ma famille aux agents du régime, j’ai été libérée. »
« Quelques mois plus tard, ils sont revenus chez mes parents et ont demandé plus d’argent sinon ils menaçaient de me ramener en prison pour la durée de condamnation soit 6 ans, j’ai immédiatement décidé de quitter la Syrie et j’ai emmené trois de mes enfants avec moi. »
Pour aller plus loin : Interview en anglais de Lula Khalil Agha.
Pour aller plus loin : le témoignage de Lula Khalil Agha et celui d’autres femmes a été publié sur FemmeS pour la Démocratie, le 28 mars 2019.
Texte original, en arabe.
بقيت في سجون حلب لمدة عام تقريبا، ومن ثم نقلونا إلى سجن عدرا، وبقيت فيها لأكثر من عام، وعلمت أن زوجي أيضا تم جلبه إلى السجن ذاته , وسمحوا لي برؤيته، عندما رأيته لم أستطع التعرف عليه، كان وضعه سيئا جدا، هددوه بأنهم سيتحرشون بي،عندما رأيته في المرة الأخيرة أدركت من نظراته أنه سيموت ذلك اليوم، وفي اليوم التالي أبلغوني أن زوجي توفي« .
كانوا يجمعوننا في مكان واحد، وهناك معتقلين رجال وأطفال ونساء، وكانوا يُجبرون الرجال على خلع ملابسهم ومن ثم يقومون بتعذيبهم، كان بعضهم يموتون أثناء التعذيب، وبعد الانتهاء من الرجال كان يأتي الدور علينا« .
كانوا يعذبون الأطفال تحت سن 12 عاما من أجل انتزاع اعترافات من أمهاتهم، وتعذيب الشيوخ لإجبارهم على تقديم معلومات عن أماكن تواجد أبنائهم المعارضين.
بعد مكوثي ثلاث سنوات رهن الاعتقال، أخذوني إلى المحكمة التي أصدرت علي حكما بالسجن لستة سنوات، وفي سوريا بإمكان تقديم المال لإخراجك من السجن، فقامت أسرتي بعرض مبلغ مالي كبير لعناصر النظام، وافقوا عليه وأخلوا سبيلي« .
بعد فترة وجيزة وسألوا عني، مطالبين أموال أكثر وإلا سيتم إرجاعي إلى السجن لقضاء 6 سنوات.
عندما سمعت بنبأ قدومهم إلى منزلي وبحثهم عني، كنت في مكان آخر، فورا قررت مغادرة سوريا، واصطحبت ثلاثة من أطفالي معي.
لولا خليل آغا