Titre : Une décennie d’exil syrien : présences et inclusion en Europe
Directeurs d’ouvrage : Sarah Degée et Altay Manço
Éditeur : L’Harmattan – novembre 2021
À travers 312 pages, réunissant dix-huit contributeurs, l’ouvrage traite de l’immigration syrienne sur le continent européen. Bien que l’exil syrien se soit principalement matérialisé dans les pays limitrophes à la Syrie, la présence syrienne sur le vieux continent n’en demeure pas moins importante. D’une part, l’exode syrien a été fortement médiatisé, générant un de nombreuses représentations. D’autre part, les Syriens et Syriennes ont constitué, ces dernières années, le plus grand nombre de candidats à l’asile dans certains pays européens. Pourtant, le nombre d’ouvrages consacrés à cette migration demeure relativement faible.
Structuré en quatre parties, l’ouvrage ambitionne de fournir des clés de lecture, des outils pour penser cette migration.
Contextualiser l’exil syrien
La première partie, intitulée « Appréhender le contexte syrien », permet de situer l’immigration syrienne dans la dictature et la guerre. Le juriste Salim Sendiane et la psychopédagogue Sarah Degée ont rédigé le premier chapitre intitulé « Comprendre la crise syrienne : lecture d’une tragédie ». Les auteurs y offrent des repères historiques et politiques concernant la Syrie d’avant-guerre et de ces dix dernières années. La politologue Brigitte Herremans analyse ensuite des productions artistiques à travers un texte nommé « Les mots et les mondes de Syrie : contrer le silence narratif ». Celles-ci attestent que « l’humanité ne peut être écrasée » tout en témoignant des espoirs et traumatismes du peuple syrien. Le romaniste Hazem Yabroudi clôt cette partie avec un chapitre intitulé « Quatre fenêtres sur la Syrie ». A travers un récit sous forme de pièce de théâtre, il met en scène quatre protagonistes évoluant dans la Syrie d’avant-guerre et ayant été contraints, par la suite, à l’exil.
Plonger dans les routes migratoires
La seconde partie de l’ouvrage, nommée « Regarder les migrations » réunit un géographe, une juriste et un sociologue. David Lagarde l’inaugure avec un chapitre intitulé « Des parcours migratoires labiles et incertains : une ethnographie des trajectoires d’exilés syriens entre le Moyen-Orient et l’Europe. » Riche d’extraits d’entretiens, ce chapitre interroge les mobilités, routes et parcours entre la Syrie, la Jordanie et l’Europe. Christelle Macq, ensuite, propose un texte juridique nommé « Accueil des réfugiés syriens en Europe : une analyse critique des droits et voies d’accès à une protection internationale dans l’Union européenne ». Le troisième chapitre de cet ouvrage est consacré à une population minoritaire et minorisée en Syrie comme en Europe : les Doms. Olivier Peyroux y consacre un texte intitulé « Le parcours tortueux des Doms, entre rejet et asile ».
Réfléchir l’inclusion
La troisième partie de l’ouvrage est consacré à l’inclusion des réfugiés syriennes et syriens en Turquie et dans l’Union européenne. L’inclusion au sein de différents secteurs est étudiée : emploi, enseignement, arts, milieu associatif… Cette partie débute par un chapitre consacré à la Turquie. Un ouvrage sur l’immigration syrienne ne pourrait faire fi de ce pays. Et pour cause : il totalise plus de la moitié des exilés syriens et syriennes au monde. Cela a engendré de nombreux bouleversements au sein de la société turque. L’auteur, le sociologue Ural Manço, dresse un bilan multidimensionnel à travers un texte intitulé « Hôtes inattendus : des réfugiés syriens en Turquie aux Syriens de Turquie ». Les deux chapitres suivants portent sur l’enseignement. D’une part, la romaniste Élodie Oger a rédigé un texte nommé « Trajectoires d’élèves syriens dans l’enseignement belge francophone : retour réflexif sur les parcours scolaires » portant sur des dispositifs existants au sein de l’enseignement obligatoire. D’autre part, la psychopédagogue Sarah Degée propose un chapitre nommé « Être réfugié syrien et étudier : parcours et dispositifs au sein de l’enseignement supérieur ». Le chapitre suivant est intitulé : « Réfugiés syriens en Belgique : modalités de création d’entreprise ». Cette troisième partie se conclut par un texte proposé par le doctorant en sciences sociales Basel Addoum et nommé : « Réfugiés syriens en Belgique : modalités de création d’entreprise ».
Exercer auprès d’exilés syriens et syriennes
La dernière partie du livre a été rédigée par des travailleurs et travailleuses exerçant auprès de réfugiés syriens et syriennes. La psychopédagogue et travailleuse humanitaire Mary Wenker débute cette partie par un chapitre nommé « Échos des îles grecques : entendre les réfugiés et les travailleurs humanitaires ». Riche de témoignages, ce texte rend compte de condition de vie et d’actions humanitaires au sein des hot spot, véritables lieux de transit institués. Le pédopsychiatre Jean-Claude Métraux et la psychologue Sonia Ciotta proposent par la suite un texte intitulé « Tous Syriens ? Tous humains ! » au sein duquel ils interrogent la catégorie « Syriens » et témoignent de leur pratique clinique. Le chapitre suivant a été rédigé par le géographe Roman Foy, arabisant et secrétaire général de l’association Revivre. Il rend compte du travail mené par cette association spécialisée dans l’accueil du public syrien, et ce, avant même la guerre. Le texte se nomme « Du bénévolat militant à l’action sociale : Revivre accueille des réfugiés syriens ». Le dernier chapitre s’inscrit dans une perspective de genre à travers un texte intitulé « Femmes, lesbiennes et personnes trans en situation d’exil » signé Sabreen Al Rassace, spécialiste en genre et exil.
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