Rim Alkriem – Revue des droits humains en Syrie dans la presse française pour la deuxième quinzaine de jours de janvier 2018
– DROITS HUMAINS –
1 – Déplacés –
Dans la région d’Idleb, le drame des civils à nouveau chassés par le régime. Le régime syrien et l’aviation russe ciblent expressément les infrastructures vitales pour la population. Aucun village n’est à l’abri. Ces trois dernières semaines, une dizaines de centre de soins ont été bombardés. Le 3 janvier, c’est l’hôpital et la maternité al-Salam à Maarat al-Nouman qui ont été mis hors services, se désole le Dr Ahmad al-Dbis, de l’ONG UOSSM (Union des Organisations de Secours et Soins Médicaux). Plusieurs patients ont été tués. A la date du 11 janvier, le Réseau syrien des droits de l’homme (SNHR), évaluait à 115 le nombre de civils tués depuis le début de l’année. « Outre l’hôpital, les violentes frappes ont touché le bureau du conseil local et le secteur du marché« , témoigne également Muzna al-Jundi, ex-directeur du centre Women Now de cette ville du gouvernorat d’Idleb. « Il n’y a pourtant aucune cible militaire là où les bombes sont tombées. C’est comme s’ils voulaient éradiquer tous les services de base qui permettent aux gens de survivre« , ajoute-t-il.
Les frappes se sont accélérées depuis le début de l’offensive terrestre du régime et de ses alliés lancée le 25 décembre pour reconquérir le sud-est de la région aux mains des rebelles syriens dans le nord-ouest du pays (en vert sur la carte ci-dessous). « Il y a quelques jours, les locaux de la défense civile de la ville de Saraqeb ont été bombardés, ainsi qu’une station d’eau à Maarat al-Nouman. Les Russes et le régime donnent l’impression de vouloir punir l’ensemble de la population. Ils ne font pas la distinction entre leurs objectifs militaires et les villages avoisinants« , complète Manhal Baresh, journaliste basé à Saraqeb, un des fondateurs des comités de coordination (opposition) en 2011, joint par téléphone. Son père a été blessé lors d’une frappe il y quelques jours sur un village voisin.
L’offensive a pour objectif premier de remettre la main sur l’aéroport militaire d’Abou Douhour ainsi que de contrôler la voie de chemin de fer Damas-Alep. Plusieurs dizaines de villages ont été repris ces dernières semaines aux insurgés, dont la principale composante des rebelles est Hayat Tahrir al-Cham, ex-branche d’Al-Qaïda, aujourd’hui reniée par l’organisation d’Ayman al-Zawahiri. Mais les bombardements vont bien au-delà de la zone des combats.
« La population située à l’est de la voie ferrée a fui vers l’ouest, de peur de se retrouver assiégée en raison de l’effondrement des forces rebelles« , témoigne Manhal Baresh. « Dans cette région de steppe, beaucoup d’entre eux sont des bergers nomades qui perdent ainsi accès à cette zone de pâturage. L’élevage est l’une des seules activités qui a survécu à la guerre pour ces tribus provenant du désert à l’est de Hama et de Homs. Ce nouvel exode, avec leurs troupeaux, va compliquer la vie de la population locale« , explique l’activiste.
Passé sous le contrôle de l’opposition en 2015, cette région du nord de la Syrie d’une taille comparable à la Corse est déjà surpeuplée en raison de la guerre. Elle abrite 2,6 millions d’habitants, dont plus d’un million de déplacés internes. Parmi ceux-ci, beaucoup ont déjà été arrachés à leur foyer à plusieurs reprises depuis le début de la guerre.
« Ma famille est originaire de Hama« , raconte Ahmad al-Dbis, ancien pharmacien, joint par téléphone à Gaziantep, où il s’est rendu pour quelques jours avant de rentrer au pays. » Ma mère et mon frère, installés aujourd’hui à Kafranbel [au sud de la province d’Idleb] ont été déplacés une dizaine de fois depuis 2012. »
A la différence de ce qui s’est passé à Alep, les dégâts causés par les bombardements sont moins concentrés, puisqu’il s’agit d’une région agricole moins densément peuplée que le noyau urbain de l’ex-capitale économique de la Syrie. Les bombardements de ces dernières semaines n’en ont pas moins fait fuir plus de 210 000 selon le bureau des Affaires humanitaires de l’ONU. « Alors que l’hiver bat son plein, ils s’entassent dans des abris insalubres, improvisés, sans chauffage, dans la ville d’Idleb et son pourtour. Là, tout manque: la nourriture, l’accès aux soins« , souligne le Dr Dbis. « Il s’agit pour la plupart de gens très pauvres. Déplacés à de multiples reprises, ils ont perdu le peu qu’ils avaient; ils sont souvent coupés de leurs voisins, de leur famille« .
Une partie de ces exilés a pris la direction des camps de réfugiés qui bordent la frontière turque, fermée. La Turquie, qui accueille déjà près de trois millions de réfugiés syriens, reproche à la Russie et à l’Iran de ne pas respecter cette « zone de désescalade« .
Outre la tactique de la terre brûlée du régime, les civils de la région d’Idleb subissent la loi d’airain des djihadistes, et les affrontements récurrents avec les autres groupes armés présents dans cette région. Bien qu’ils ne soient pas majoritaires en hommes, les djihadistes d’Hayat Tahrir al-Cham (ex-Front al-Nosra) exercent une position dominante, parce que mieux structurés. « Ils contrôlent la ville d’Idleb ainsi que les postes frontaliers, ce qui leur fournit un avantage sur les autres groupes armés« , souligne Thomas Pierret, chargé de recherche à l’Iremam/CNRS.
La région est depuis quelques semaines confrontée à un nouveau fléau: le retour de l’EI, pourtant chassé de la région par les rebelles en 2014. Plusieurs centaines de djihadistes ont traversé les lignes gouvernementales, après la chute de Raqqa, leur ancienne « capitale« , en octobre 2017, et se sont établis à la limite des gouvernorats d’Idleb et de Hama.
Impuissants, les habitants de Khan Sheilhun, de Saraqeb et des autres villes de la région, perdent peu à peu l’espoir de voir leur sort s’améliorer un jour. « Au monde qui regarde, indifférent, notre malheur, nous disons que nous n’attendons plus rien de vous « , s’indigne une femme, dans le centre Women Now à Maarat al-Nouman. « Vous partagez la responsabilité de ce qui nous arrive« . L’Express – 21.01.2018.
La guerre a fait 270 000 déplacés en Syrie pendant l’hiver. Plus de 270 000 Syriens ont dû fuir les combats dans les provinces d’Idleb et de Hama, entre rebelles et forces gouvernementales depuis la fin décembre, a indiqué un haut responsable de l’ONU.
Les camps qui doivent accueillir ces personnes déplacées ont dépassé leur capacité, ce qui force de nombreuses personnes à s’installer dans l’un des 160 campements de fortune à Idleb, a expliqué Ursula Mueller, secrétaire générale adjointe chargée des Affaires humanitaires, au Conseil de sécurité.
«Pendant ces mois d’hiver humides et froids, de nombreuses familles n’ont rien d’autre qu’une tente improvisée comme abri, qu’elles doivent partager avec d’autres», a-t-elle déclaré. «Les frappes aériennes et les combats dans le sud d’Idleb et au nord de Hama ont forcé plus de 270 000 personnes à partir depuis le 15 décembre», a souligné Mme Mueller, ajoutant que pour le seul mois de décembre 16 hôpitaux et cliniques ont été attaqués.
Plus au nord dans la région d’Afrine, 15 000 personnes ont dû fuir au sein du district et un millier se sont réfugiés dans le gouvernorat voisin d’Alep, selon Mme Mueller. Les forces turques bombardent les milices kurdes dans cette région depuis plusieurs jours. Mme Mueller a également affirmé devant le Conseil que les autorités syriennes avaient bloqué les convois humanitaires en janvier après n’avoir accordé le passage qu’à deux convois destinés à des régions difficiles d’accès le mois précédent.
L’accès à d’autres régions de la Syrie est également freiné par les autorités locales qui ont demandé des ajustements dans le nord-est. Ces nouveaux obstacles à la livraison d’aide et de médicaments sont apparus après la visite de Mark Lowcock, le patron de l’aide humanitaire à l’ONU.
Plus de 13,1 millions de Syriens ont besoin d’aide humanitaire y compris 6,1 millions de déplacés dans le pays. Journal de Montréal – 30.01.2018.
2 – Réfugiés –
Dix réfugiés venus de Syrie meurent dans une tempête de neige dans les montagnes au Liban, où ils ont été surpris par une tempête de neige après avoir traversé la frontière entre les deux pays de manière illégale, a annoncé vendredi l’armée libanaise. « Une patrouille de l’armée (…) a retrouvé neuf corps de réfugiés, morts en raison d’une tempête de neige« , selon le communiqué, qui précise qu’une dixième personne est décédée après avoir été transportée à l’hôpital. « Les forces de l’armée continuent de chercher d’autres réfugiés qui pourraient être bloqués« , d’après la même source. Fin novembre, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a recensé 997.905 réfugiés syriens enregistrés au Liban, en grande majorité des femmes et des enfants.
Durant les six dernières années, la pauvreté s’est accentuée chez ces réfugiés étranglés par les dettes, selon le HCR, avec 58% des ménages vivant dans une extrême pauvreté -soit avec moins de 2,87 dollars par personne et par jour. 7 sur 7 – 19.01.2018.
Syriens morts de froid en traversant la frontière avec le Liban : deux autres corps retrouvés. La défense civile a dégagé dimanche les corps de deux personnes près de Masnaa, rapporte l’Agence nationale d’information (Ani, officielle). Ces deux corps, retrouvés à la frontière libano-syrienne, portent à seize morts le bilan du drame qui s’est déroulé vendredi lorsque douze ressortissants syriens, dont trois enfants, ont été piégés par le froid alors qu’ils tentaient de s’introduire clandestinement au Liban. Deux corps avaient également trouvés samedi matin. L’Ani a précisé un peu plus tard que les deux corps sont ceux d’une femme âgée d’une trentaine d’années et d’une fillette de trois ans. Leur identité n’est pas connue. L’Orient – Le Jour – 21.01.2018.
Le corps d’une réfugiée syrienne morte de froid trouvé, mardi matin, près de Masnaa, à la frontière entre le Liban et la Syrie, rapporte l’Agence nationale d’information (Ani, officielle).
Dix-sept corps avaient déjà été trouvés la semaine dernière, parmi lesquels des femmes et des enfants, morts de froid pendant la tempête qui a frappé le Liban la semaine dernière. Ce drame a relancé le débat sur les épreuves endurées par les réfugiés syriens. L’Orient – Le Jour – 23.01.2018.
Pas de paix sans droits de l’homme et dignité pour les Syriens, déclare l’envoyée du HCR Angelina Jolie. Alors que près de 5,5 millions de Syriens sont réfugiés en Jordanie, au Liban, en Turquie et en Iraq, l’Envoyée spéciale de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Angelina Jolie, a déclaré que la paix en Syrie devait être construite sur les droits de l’Homme, lors d’une visite dimanche au camp de Za’atari en Jordanie.
«Il est navrant de retourner en Jordanie et d’être témoin de la détresse et du traumatisme ressentis par les réfugiés syriens alors que la guerre entre dans sa huitième année», a déclaré Mme Jolie.
Au nom du HCR, elle a exprimé sa gratitude au pays pour sa générosité et son humanité, qualifiant les Jordaniens «d’exemple pour le monde, à un moment où la solidarité avec les réfugiés est insuffisante».
Elle a noté que la crise syrienne était incontrôlable depuis des années et que le HCR ne disposait pas des fonds nécessaires pour subvenir entièrement aux besoins les plus élémentaires de survie de nombreuses familles. «L’année dernière, la réponse du HCR à la crise syrienne n’était financée qu’à 50%. Et jusqu’à présent, en 2018, elle n’est financée qu’à hauteur de 7%», a-t-elle expliqué, ajoutant qu’il n’y a rien de plus dévastateur pour le personnel du HCR que d’être incapable d’aider la population.
Après sept années de guerre, la plupart des réfugiés syriens ont épuisé toutes leurs économies et la grande majorité vit sous le seuil de pauvreté, avec moins de trois dollars par jour.
«Imaginez ce que cela signifierait pour votre famille», a dit Mme Jolie. «Ici, cela signifie que les familles n’ont pas assez de nourriture ; les enfants sont incapables d’obtenir un traitement médical ; les jeunes filles sont vulnérables au mariage précoce ; et beaucoup de Syriens affrontent leur septième hiver sans abri adéquat».
Selon Angelina Jolie, la question fondamentale est «l’absence d’un processus politique et diplomatique crédible – fondé sur les droits de l’homme et le droit international – pour mettre un terme à la violence ». « Un règlement politique viable est le seul moyen de créer les conditions nécessaires au retour des Syriens dans leurs foyers et de mettre fin aux souffrances humaines et à la pression sur les pays d’accueil», a-t-elle souligné.
L’Envoyée du HCR a invité le Conseil de sécurité à visiter les camps et les réfugiés dans les villes, et à «trouver le moyen de peser de tout le poids de l’ONU et de la communauté internationale pour résoudre ce conflit». Centre d’actualités de l’ONU – 29.01.2018.
Tant que la guerre continue, les réfugiés syriens restent au Luxembourg. Si la guerre contre l’EI semble gagnée en Syrie, le conflit se poursuit entre forces gouvernementales et milices rebelles. Il n’est donc pas question pour l’instant de renvoyer les réfugiés syriens dans leur pays.
Jean Asselborn, le chef de la diplomatie luxembourgeoise constate que «la guerre en Syrie n’est pas terminée», précisant que pour la seule année 2017 le bilan du conflit se monte à 40 000 morts. Une stabilisation de la situation n’étant pas en vue, le retour des réfugiés syriens vers leur pays n’est pas envisageable, tranche Jean Asselborn. Un retour automatique des réfugiés est totalement exclu, appuie le ministre qui rappelle au député souverainiste que chaque demandeur d’asile est soumis à un examen individuel de son dossier. De ce fait, conclut le chef de la diplomatie luxembourgeoise, le Grand-Duché va poursuivre son aide aux réfugiés présents dans le pays et prolonger sa politique de regroupement familial en faveur des Syriens ayant fui le conflit. Le Quotidien (Luxembourg) – 30.01.2018.
3 – Situation humanitaire –
L’augmentation de la violence aggrave une situation déjà catastrophique, a indiqué mardi le Programme alimentaire mondial (PAM). « Depuis la fin de l’année dernière, des frappes aériennes ont détruit des bâtiments civils, tuant des centaines de personnes dans les deux régions et dans le cas d’Idleb, déplaçant environ 100.000 personnes« , a déclaré une porte-parole du PAM, Bettina Luescher, lors d’une conférence de presse.
A Idleb, les affrontements armés entre les forces gouvernementales, leurs alliés et les groupes armés d’opposition se sont intensifiés, l’insécurité s’étant propagée dans le nord-est de Hama, dans l’ouest rural d’Alep et dans le sud d’Idleb, obligeant 100.000 personnes à abandonner leurs domiciles. Les conditions à Idleb sont désastreuses, de nombreuses personnes déplacées étant obligées de vivre dehors en plein hiver. Les combats se poursuivent dans l’enclave assiégée de la Ghouta orientale, où près de 400.000 personnes vivent dans des conditions difficiles et souffrent de graves pénuries de nourriture, de carburant et d’eau potable.
« Le PAM a aidé 70.000 personnes déplacées à Idleb en décembre et janvier avec des rations de cinq jours prêtes à consommer ; on prévoit de distribuer d’autres rations prêtes à consommer dans les prochains jours« , a dit Mme Luescher. Le PAM a pré-positionné plus de 27.000 rations à Idleb et à Alep et des livraisons d’urgence en provenance de Turquie sont également en cours. « L’accès du PAM à la Ghouta orientale a été limité au cours des cinq dernières années, permettant seulement de fournir un tout petit peu d’aide aux familles dans le besoin« . Elle a appelé à faire de la fin du conflit une priorité, notant que ce conflit poussait « toujours plus de gens dans la faim et la misère« .
En 2017, le PAM a aidé à fournir une aide alimentaire à 110.000 personnes dans 13 parties de l’enclave. Le PAM a lancé un appel à toutes les parties pour qu’elles protègent les civils, respectent les principes humanitaires et permettent la livraison de nourriture en toute sécurité aux familles dans le besoin, où qu’elles se trouvent. Le Maghreb Emergent – 17.01.2018.
Dans les hôpitaux d’Afrine, l’offensive turque fait craindre une « tragédie« . « Les médicaments et les aides humanitaires sont bientôt épuisés« , met en garde Khalil Sabri Ahmed, directeur du principal hôpital de la ville d’Afrine, qui reçoit depuis une semaine les civils blessés dans l’offensive de la Turquie. Sur le terrain, les responsables médicaux craignent de ne plus pouvoir prodiguer de soins, la menace de pénuries de médicaments planant toujours.
« Les civils sont les plus touchés« , insiste M. Ahmed. Son hôpital accueille les cas les plus graves, qui nécessitent une intervention chirurgicale ou un suivi délicat. Au moins 36 civils ont été tués dans les bombardements turcs depuis le début de l’offensive, selon l’OSDH.
- Ahmed explique qu’à la frontière, des « abris médicaux » ont fait leur apparition pour soigner les blessés, après que « les centres médicaux ont été bombardés« . Bordée au nord et à l’ouest par la Turquie, et par des régions contrôlées par des rebelles syriens pro-Ankara au sud et à l’est, Afrine est reliée au monde extérieur par une seule route, contrôlée par des insurgés et menant à Alep. « Nos capacités sont faibles en raison de ce siège, si la pression s’accentue, ce sera très difficile à supporter« , poursuit M. Ahmed, qui lance un appel aux organisations internationales pour recevoir des aides, et surtout pour l’arrêt de « l’agression » turque.
L’Unicef a tiré la sonnette d’alarme, rapportant la mort d’au moins 11 enfants. « La guerre est régie par des lois, et tous les jours ces lois sont transgressées en Syrie« , déplore-t-il dans un communiqué.
L’ONU avait déjà fait état de quelque 5.000 personnes déplacées par l’offensive en cours, la plupart au sein même de la région où vivent plus de 300.000 personnes dont 120.000 déplacés. « La violence est si intense que les familles sont confinées dans les sous-sol de leur immeubles. La plupart des magasins sont fermés, les services de protection des enfants soutenus par l’Unicef ont dû être suspendus« , selon l’agence onusienne.
« Nous espérons que les organisations internationales vont lancer des initiatives humanitaires pour nous envoyer des aides« , plaide de son côté un directeur du croissant rouge kurde, Nouri Cheikh Qanbar, qui évoque de « graves tragédies humanitaires« .
Ces derniers jours, devant les morgues d’Afrine où reposent les corps des victimes, les mêmes scènes se répètent. Inlassablement, des femmes crient et pleurent la perte d’un proche, rapporte un autre journaliste collaborant avec l’AFP. Challenges – 27.01.2018.
Idleb : cinq morts dans le bombardement d’un hôpital soutenu par MSF. Ce lundi 29 janvier, vers 10h20, l’hôpital d’Owdai (aussi connu sous le nom d’hôpital Al Ihsan) à Saraqeb, dans le gouvernorat d’Idleb, a été la cible d’une attaque aérienne qui a détruit une partie de l’hôpital et fait au moins cinq victimes selon le directeur de l’établissement. Une première frappe a touché la salle d’attente, et une seconde a détruit une ambulance stationnée devant l’hôpital, ont expliqué des membres du personnel médical. L’établissement reçoit des dons de médicaments et de matériel fournis par MSF.
L’attaque s’est déroulée alors que l’hôpital recevait des personnes blessées dans un bombardement survenu environ une heure plus tôt et qui avait frappé le marché principal de Saraqeb, tuant 11 personnes. L’attaque perpétrée contre l’hôpital a, quant à elle, causé la mort d’au moins cinq personnes, dont un enfant, et blessé au moins six personnes, dont trois membres du personnel médical.
C’est le deuxième incident visant cette structure en moins de dix jours. Le 21 janvier, une frappe avait touché le terrain inoccupé devant l’hôpital. L’explosion avait alors soufflé les fenêtres du bâtiment et endommagé les générateurs électriques, contraignant l’hôpital à fermer pendant trois jours.
L’hôpital d’Owdai est désormais fermé pour une durée indéterminée et l’attaque survient à un moment où les besoins médicaux dans la région devraient augmenter en raison du déplacement massif de Syriens fuyant les violences récentes dans les campagnes orientales d’Idlib et dans le nord-est de Hama. « La population de cette région est en proie à de nouvelles difficultés et les besoins médicaux vont probablement augmenter. La perte de l’hôpital d’Owdai aura un impact significatif sur les personnes déjà en détresse », selon Luis Montiel, chef de mission MSF dans le nord de la Syrie.
L’hôpital de 18 lits d’Owdai est le seul établissement public du district de Saraqeb dans la campagne d’Idleb Est, desservant une population de 50 000 habitants. Avant l’attaque, l’hôpital disposait d’une salle d’urgence et d’un service de consultation ambulatoire, et proposait des activités de chirurgie générale et de chirurgie traumatologique. L’hôpital effectuait en moyenne 3 800 consultations par mois.
« Bien qu’elles soient clairement interdites par le droit international humanitaire, les attaques contre les installations médicales restent régulières en Syrie et les personnels de santé sont sévèrement affectés par ces attaques », déclare M. Montiel.
En 2016, 32 structures médicales soutenues par MSF ont été bombardées ou pilonnées à 71 reprises. En 2015, nous avons enregistré 94 attaques contre 63 hôpitaux et cliniques soutenus par MSF en Syrie. MSF – 30.01.2018.
4 – Aides humanitaires –
Les fonds d’urgence réclamés par l’UNRWA pour les Palestiniens de Syrie. Washington avait annoncé mi-janvier la suspension de financements destinés à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), limitant son premier versement à 60 millions de dollars, tandis que l’organisation prévoyait de recevoir 360 millions USD sur toute l’année. L’UNRWA a en conséquence lancé mardi un appel à des financements d’urgence à hauteur de 409 millions de dollars, dont 329 millions pour aider les réfugiés palestiniens installés depuis des décennies en Syrie, plongée dans une guerre meurtrière.
« Ces financements d’urgence, c’est une bouée de sauvetage« , a souligné Mohammed Adar, le directeur de l’UNRWA en Syrie. L’argent permettra notamment de fournir de l’aide alimentaire, des couvertures et des kits sanitaires aux plus démunis parmi les 438.000 réfugiés palestiniens qui vivent encore en Syrie. Il est « utilisé par les réfugiés pour payer leur loyer, acheter des choses de la vie de tous les jours, des vêtements pour les enfants par exemple« , a-t-il précisé. « Avant la guerre, 7% des réfugiés étaient considérés comme très vulnérables, et recevaient une assistance directe. Aujourd’hui ce chiffre est monté à 95%« , a déploré M. Adar. Avec la réduction des financements américains, qui représentaient 60% des dons qu’il a reçu en 2017, une « crise humanitaire » est à craindre, s’est-il alarmé. « J’espère qu’ils vont revoir leur décision. »
Les coupes américaines menacent les centaines d’écoles et d’hôpitaux de l’UNRWA, cruciaux pour les Palestiniens réfugiés dans plusieurs pays du Moyen-Orient et qui vivent pour la plupart dans une pauvreté extrême.
Le reste des 409 millions de dollars demandés mercredi est destiné aux Palestiniens de Syrie qui ont fui la guerre pour trouver refuge au Liban ou encore en Jordanie. « On parle d’une population qui est extrêmement vulnérable, 90% vivent sous le seuil de pauvreté, avec moins de 6 dollars par jour« , a affirmé le chef de l’UNRWA au Liban, Claudio Cordone. « Nos aides financières, toute forme d’assistance que nous pouvons apporter, les cliniques, l’éducation, sont absolument indispensables pour leur survie« , a-t-il insisté. Le Liban accueille 32.561 Palestiniens venus de Syrie.
« Nos aides financières seront épuisées à la fin février. Et si nous ne trouvons pas l’argent pour payer les enseignants, nous allons en perdre 18 en mars« , a expliqué M. Cordone. « L’impact de cette crise financière sans précédent pour l’UNRWA, et surtout sur les réfugiés que nous servons, est catastrophique« , a-t-il résumé.
Au total, l’UNRWA réclame plus de 800 millions de dollars pour 2018, dont près de la moitié pour les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie. L’Orient – Le Jour – 31.01.2018.
5 – Liberté de la presse –
En Turquie, les journalistes syriens font la guerre avec des mots. Près de sept ans après le début de la guerre en Syrie, environ trois millions de Syriens vivent aujourd’hui en Turquie. Parmi eux, de nombreux journalistes en exil s’opposent ouvertement au président Bachar el-Assad, mais aussi aux djihadistes de l’EI. Malgré les risques, ils continuent de se mobiliser à distance pour préparer la Syrie de demain.
À première vue, la salle de rédaction d’Enab Baladi, hebdomadaire syrien basé à Istanbul, ressemble à celle de n’importe quel autre journal. Accrochés aux murs, trois téléviseurs diffusent des chaînes d’informations en continu. Au centre de l’open space, une dizaine de jeunes journalistes tapotent sur leurs claviers en silence. Sur un tableau blanc, dans un coin de la pièce, ils ont inscrit la liste des sujets à l’ordre du jour. Et pourtant, l’histoire d’Enab Baladi n’a rien d’ordinaire. Fondé en 2012, à Daraya, dans la banlieue de Damas, en Syrie, le journal est rapidement devenu la cible de Bachar el-Assad et de son gouvernement. «Un an et demi après notre installation, nos locaux ont été bombardés par l’armée du régime, explique froidement Jawad Sharbaji, le rédacteur en chef. Beaucoup de nos collègues sont morts dans cette attaque.» Une partie de l’équipe décide alors de quitter la Syrie et trouve refuge dans la Turquie voisine.
Installée dans le quartier conservateur de Fatih, la rédaction se réorganise et se professionnalise. «Lors de la création du journal, il n’y avait qu’un seul journaliste de formation parmi nous, les autres membres étaient des instituteurs, des universitaires, des économistes… » se remémore Jawad, 37 ans, lui-même comptable dans une autre vie. Aujourd’hui, Enab Baladi, qui se finance en grande partie grâce aux dons d’ONG, compte une cinquantaine de reporters salariés et qualifiés, en Turquie et en Syrie. À l’intérieur des pages, des sujets politiques bien sûr mais aussi de la place pour l’économie, le social ou la culture. «Évidemment, nous nous sentons proches de l’opposition, mais nous essayons de faire le journal le plus complet et objectif possible, résume Jawad. Même les médias qui soutiennent le pouvoir en place reprennent aujourd’hui certaines de nos informations car elles sont fiables !» précise-t-il ironiquement. Dans la Syrie de Bachar el-Assad, les journalistes ont toujours été muselés. Mais, depuis le début de la révolution en 2011, des centaines de publications non officielles ont vu le jour, notamment en Turquie. Si beaucoup ont, depuis, cessé de paraître à cause de difficultés financières, pour Jawad, toutes ces initiatives contribuent à faire naître chez les lecteurs la notion de «liberté de la presse».
Une soif de démocratie que paient parfois au prix fort les journalistes syriens : plusieurs d’entre eux ont été assassinés ces dernières années sur le sol turc. Le plus célèbre, Naji Jerf, a été abattu en 2015 d’une balle dans la tête alors qu’il marchait dans la rue à Gaziantep, une ville proche de la frontière syrienne. Il venait de terminer un documentaire sur les exactions commises par le groupe EI à Alep. Son homicide a été immédiatement attribué à l’organisation terroriste. Cet événement a fortement marqué Jawad el-Muna, le rédacteur en chef de Souriatna (« Notre Syrie »), un autre hebdomadaire dont les bureaux se trouvent à Istanbul. «L’assassinat de Naji, c’était un message pour dire : « Nous pouvons atteindre tout le monde« , explique-t-il, les traits tirés. «Moi, j’avais pris la décision de quitter Gaziantep pour Istanbul une semaine avant sa mort. Ici, c’est beaucoup plus grand, donc on se fond plus facilement dans la masse. Mais je ne me sens pas complètement en sécurité pour autant.»
Fièrement, cet ancien éditeur présente les meilleures «unes» de Souriatna qui font la part belle aux caricatures et aux dessins. Sur l’une d’entre elles, on voit Bachar el-Assad, tout sourire, assis sur un baril d’un produit visiblement nocif. « Nous avons publié cette image en avril dernier, peu de temps après l’attaque chimique contre la ville rebelle de Khan Cheikhoun », explique Jawad, désabusé. Néanmoins, malgré son aversion profonde contre le régime, le quadragénaire insiste lui aussi : « Nous ne sommes pas un journal d’opposition. Juste un journal indépendant! »
L’objectif final pour ces acteurs de la nouvelle presse syrienne? Préparer un paysage médiatique libre et diversifié pour leur pays. Alors, avec Enab Baladi et quelques autres titres, Souriatna joue la carte de la solidarité : « Nous imprimons ensemble nos journaux puis nous les cachons dans des camions de marchandises pour qu’ils puissent être acheminés jusqu’en Syrie. » Une fois la frontière turco-syrienne franchie, les revues dissidentes sont ensuite distribuées sous le manteau. « À Damas, impossible de lire Enab Baladi dans la rue, vous seriez aussitôt arrêté et exécuté », rappelle Jawad Sharbaji. Dans ces conditions, difficile pour les journalistes syriens en exil d’envisager un retour au pays : « On peut penser que la guerre prendra fin d’ici à un an ou deux, reprend Jawad. Mais cela ne veut pas dire que nous pourrons rentrer en Syrie et exercer notre métier en toute sécurité car il s’ensuivra forcément une période de grande instabilité politique. À vrai dire, je pense que rien ne sera vraiment possible avant le départ de Bachar el-Assad… » L’Orient – Le Jour – 16.01.2018.
6 – Armes chimiques –
Moscou dénonce des « tentatives illogiques » d’accuser Damas d’utiliser des armes chimiques. La Russie a accusé les Etats-Unis de vouloir imposer une « vision erronée » de ces incidents. Jeudi, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé le Conseil de sécurité à relancer les efforts pour punir les responsables d’attaques chimiques en Syrie après les veto russes en novembre sur la poursuite des enquêtes internationales, alors que l’ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies Nikki Haley a accusé Moscou de protéger Damas.
« Les tentatives de rejeter la responsabilité sur Damas sont tout à fait illogiques« , a déclaré pour sa part le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. » Nous appelons nos partenaires au Conseil de sécurité de l’ONU à faire preuve de bon sens et à donner une appréciation objective aux tentatives des Etats-Unis d’imposer une vision erronée de la responsabilité de ces incidents chimiques en Syrie« , souligne le texte.
RTBF – 19.01.2018.
Washington met Moscou en garde après une attaque chimique présumée en Syrie. Les Etats-Unis ont critiqué lundi le manque d’influence de la Russie sur son allié syrien alors que le régime de Bachar el-Assad est accusé d’une nouvelle attaque chimique contre une enclave rebelle près de Damas.
« Les civils sont tués et ce n’est pas acceptable« , a réagi le secrétaire d’Etat adjoint Steve Goldstein.
« La Russie a échoué à débarrasser la Syrie d’armes chimiques et elle bloque les organisations (de prévention) des armes chimiques. Trop, c’est trop« , a-t-il ajouté. « On verra demain » (mardi) si les Etats-Unis portent ces dernières accusations devant le Conseil de sécurité, a poursuivi M. Goldstein. L’Orient – Le Jour – 22.01.2018.
Paris veut contourner le veto russe sur les armes chimiques. A l’initiative des autorités françaises, une trentaine de ministres des affaires étrangères représentant les Etats-Unis, les grands pays européens, mais aussi des Etats africains, asiatiques ou sud-américains lancent le 23 janvier, à Paris, à un «partenariat international contre l’impunité d’utilisation d’armes chimiques».
Un nouveau cas présumé d’emploi de gaz par les forces du régime dans des bombardements sur Douma, ville de la Ghouta orientale près de Damas, avec au moins 21 victimes de suffocation recensés par l’OSDH, rappelle l’urgence d’agir. «Il s’agit de mettre fin à l’impunité et de faire en sorte que les responsables de crimes aussi abjects finissent par rendre des comptes», explique-t-on au ministère des affaires étrangères. Depuis son élection, Emmanuel Macron n’a cessé de répéter que l’emploi du chimique en Syrie est une «ligne rouge» et que Paris est prêt à prendre l’initiative de représailles.
L’objectif de ce partenariat est de trouver des moyens de contournement en s’appuyant sur les compétences des Etats alors que la situation est bloquée au Conseil de sécurité de l’ONU où Moscou, par deux fois, en novembre 2017, a fait usage de son droit de veto. Un mois plus tôt les enquêteurs du JIM, la mission conjointe créée par l’ONU et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), avaient conclu à la responsabilité du régime dans l’attaque au gaz sarin contre le village de Khan Cheikhoun, en avril 2017, qui avait fait au moins 80 morts.
L’OIAC a, par ailleurs, estimé que le régime n’a pas démantelé intégralement ses stocks d’armes chimiques malgré les engagements pris avec le parrainage de la Russie à l’automne 2013 pour éviter les frappes françaises et américaines après un bombardement au gaz sarin qui avait fait plus de 1 000 morts près de Damas. L’organisation EI a également plusieurs fois utilisé des obus avec du chlore et du gaz moutarde.
En collectant et en préservant les données sur les responsables d’utilisation de telles armes, en dressant des listes noires de personnes ou d’entités impliquées et en lançant des sanctions économiques – gel d’avoirs, interdiction de visa –, voire, à terme, des procédures judiciaires, les pays participants veulent notamment cibler les réseaux qui ont contribué et contribuent encore à alimenter l’arsenal du régime syrien.
«Le paradoxe est là : alors même que l’interdiction est universelle avec 192 pays signataires de la convention de 1993 interdisant la production et l’utilisation des armes chimiques, jamais celles-ci n’ont été autant utilisées que maintenant par des acteurs étatiques ou non étatiques», relève un haut diplomate. D’où la volonté de donner ce signal politique de lutte contre la prolifération. Un certain nombre des participants de la conférence, dont le secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, devraient aussi faire un point général sur la situation syrienne. Le Monde – 23.01.2018.
Les USA chargent la Russie sur les armes chimiques en Syrie. Les Etats-Unis ont accusé mardi le régime syrien de recourir encore à l‘arme chimique, au lendemain d‘une attaque dans la Ghouta orientale, et imputé à la Russie, alliée de Bachar al Assad, la responsabilité des “innombrables” victimes syriennes.
Les Etats-Unis ont accusé mardi le régime syrien de recourir encore à l’arme chimique, au lendemain d’une attaque dans la Ghouta orientale, et imputé à la Russie la responsabilité des « innombrables » victimes syriennes. Présent à Paris pour le lancement du “Partenariat international contre l‘impunité d‘utilisation d‘armes chimiques”, le chef de la diplomatie américaine a durci le ton envers Moscou, estimant que son incapacité à faire respecter l‘accord de 2013 sur le démantèlement de l‘arsenal chimique syrien remettait en question son rôle dans la recherche d‘un règlement global du conflit.
L‘OSDH a fait état lundi d‘au moins 21 cas de suffocation, pour la plupart des enfants, à la suite d‘une attaque chimique présumée contre Douma, une ville de la Ghouta orientale, enclave rebelle assiégée à l‘est de Damas.
Rex Tillerson a évoqué “une attaque au chlore”. “Les récentes attaques dans la Ghouta orientale suscitent de sérieuses préoccupations quant au fait que Bachar al Assad continuerait à utiliser des armes chimiques contre son propre peuple”, a-t-il déclaré à l‘issue de la réunion de Paris. “Quels que soient les responsables de ces attaques, la Russie sera in fine tenue responsable des victimes de la Ghouta orientale et des innombrables Syriens visés par des attaques chimiques depuis qu‘elle s‘est impliquée dans le conflit syrien”, a-t-il ajouté.
Pour Rex Tillerson, la Russie, qui a opposé son veto à l‘ONU à la reconduction de l‘enquête sur l‘attaque au sarin contre Khan Cheikhoun, le 4 avril 2017, est la première responsable des violations répétées dont se serait rendu coupable Bachar al Assad.
Depuis le début du conflit syrien en mars 2011, la Russie a systématiquement mis son veto à toute résolution contraignante à l‘encontre de Damas au Conseil de sécurité de l‘Onu.
“La Russie n‘a pas respecté ses engagements. Depuis avril 2014, il y a des preuves supplémentaires indiquant que la Syrie possède toujours des armes chimiques illicites et continue de les utiliser contre sa propre population”, a déclaré le secrétaire d‘Etat américain. “Il est impossible de nier qu‘en protégeant son allié syrien, la Russie a violé son engagement auprès des Etats-Unis en tant que garante de l‘accord-cadre”, a-t-il ajouté. L’échec des autorités russes “remet en question leur pertinence quant à la résolution de la crise dans son entier”, a-t-il estimé. La Russie réunit les 29 et 30 janvier prochains à Sotchi un “Congrès de paix pour la Syrie”.
Sans citer nommément la Russie, le ministre français des Affaires étrangères a dénoncé “l‘obstruction à laquelle se livrent quelques pays : en faisant cela, ils instaurent une espèce d‘impunité de fait”. “Les faits sont pourtant connus, ils ont été documentés de façon rigoureuse et scientifique.” “Les criminels qui ont pris la responsabilité d‘utiliser et de concevoir ces armes barbares doivent savoir qu‘il n‘y aura pas d‘impunité”, a dit Jean-Yves Le Drian au terme de la réunion de la coalition anti-prolifération qui a rassemblé 24 pays.
Les Etats, qui ne sauraient “se substituer aux enceintes multilatérales existantes”, se sont engagés à fournir à la communauté internationale et aux organisations chargées des enquêtes à ce sujet (ONU, OIAC) les informations “qu‘ils ont pu ou pourront recueillir sur les responsables impliqués dans des attaques chimiques”.
Pour premier geste, a annoncé le gel des avoirs de 25 entités et responsables d‘entreprises syriens, français, libanais, chinois, emiratis soupçonnés d‘alimenter le programme syrien d‘armes chimiques.
Emmanuel Macron a fixé pour “ligne rouge” le recours à des armes chimiques dans le conflit syrien “par qui que ce soit”, affirmant qu‘il ferait “l‘objet de représailles et d‘une riposte immédiate de la part des Français”. Agence Reuters – 23.01.2018.
Armes chimiques: la France sanctionne 25 entités et responsables. La France a gelé mardi des avoirs de 25 entités et responsables d’entreprises syriens mais aussi français, libanais ou chinois soupçonnés « d’alimenter le programme syrien de conception et réalisation d’armes chimiques« , selon deux arrêtés diffusés au Journal officiel.
Ces sanctions interviennent alors que Paris doit réunir le même jour une trentaine de pays, en présence du chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson, afin de poursuivre les responsables d’attaques chimiques en Syrie et de riposter ainsi à un veto russe à l’ONU.
Parmi les entreprises visées figurent notamment des importateurs et distributeurs de métaux, d’électronique et de systèmes d’éclairage. Elles sont domiciliées à Beyrouth (Electronic Katrangi Trading, Nktronics, ABC Shipping Co.), Damas (Electronic System Group) ou Paris (Smart Green Powxer, Lumière Elysées, Smart Pegasus).
Aucun responsable du régime n’est en revanche visé. « Nous n’avons pas aujourd’hui d’éléments permettant d’engager cette démarche au niveau des autorités politiques syriennes« , concède-t-on au Quai d’Orsay.
Alors que le régime de Bachar el-Assad a été accusé lundi d’une nouvelle attaque chimique contre une enclave rebelle de la Ghouta orientale, à l’est de Damas, au moins 130 attaques chimiques ont été perpétrées en Syrie entre 2012 et 2017, selon une évaluation française.
Les enquêteurs de l’ONU et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ont conclu à la responsabilité du régime syrien dans quatre d’entre elles, dont l’une au sarin qui a tué au moins 80 personnes le 4 avril 2017 à Khan Cheikhoun. L’Orient – Le Jour – 23.01.2018.
Armes chimiques en Syrie: une trentaine de pays se concertent à Paris. Une trentaine de pays vont lancer une initiative mardi à Paris, en présence du chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson, afin de poursuivre les responsables d’attaques chimiques en Syrie et riposter ainsi à un veto russe à l’ONU. Cette conférence ouvrira une nouvelle séquence diplomatique sur la crise syrienne avant la reprise des pourparlers de l’ONU jeudi à Vienne et le Congrès de paix initié par la Russie le 30 janvier à Sotchi.
Concrètement, les représentants de 29 pays vont s’engager à partager des informations et à établir des listes de personnes impliquées dans l’utilisation d’armes chimiques, en Syrie mais aussi ailleurs. Celles-ci pourront faire l’objet de sanctions (gel d’avoirs, interdiction de visas) ou de poursuites judiciaires au niveau des Etats. Le Figaro avec AFP – 23.01.2018.
La Russie rejette les accusations américaines. Lors d’une réunion du Conseil de sécurité organisée au pied levé à sa demande, l’ambassadeur russe aux Nations unies Vassily Nebenzia a estimé que le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson avait formulé des « déclarations à l’emporte-pièces » contre le régime syrien, en faisant porter sur Damas la responsabilité d’une nouvelle attaque chimique présumée contre une enclave rebelle de la Ghouta orientale et « en essayant de compromettre aussi la Russie« . « N’est-il pas étrange que cette épisode –qui reste à confirmer– a coïncidé avec la réunion à Paris » sur les armes chimiques, a lancé l’ambassadeur russe. « C’est une étrange coïncidence« .
Lors de cette réunion, il a aussi relancé l’idée d’un « nouvel organe international d’enquête » sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, qui viendrait remplacer les experts internationaux du groupe JIM, dont le mandat n’a pu être renouvelé précisément en raison de vetos russes. De plus, la Russie a fait circuler un projet de résolution préconisant la création de ce nouveau mécanisme qui, contrairement au JIM dont Moscou a contesté pendant des mois la légitimité, serait « vraiment impartial, indépendant, professionnel et crédible« .
L’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley a cependant immédiatement laissé entendre que la proposition russe n’avait aucune chance d’être adoptée. « Nous n’accepterons aucune proposition russe qui mine notre capacité à établir la vérité ou qui vienne politiser une enquête indépendante et impartiale« , a-t-elle déclaré. Elle a fait valoir que Moscou avait soutenu le JIM tant que ses enquêteurs pointaient la responsabilité du groupe EI, mais contesté leurs conclusions quand ils ont désigné la responsabilité du régime syrien. L’Orient – Le Jour – 24.01.2018.