Profitant d’une annonce de retrait américain du Nord – Est Syrien, le président Turc, Recep Tayyip Erdoğan, a lancé le 9 octobre 2019 une offensive sur les zones syriennes tenues par les YPG kurdes (branche armée du PYD, parti frère du PKK Turc). Cette action militaire a généré nombre de réactions logiquement inquiètes sur ses conséquences humaines dans un pays dont les habitants ne font que souffrir depuis plus de 8 ans. Toutefois, nombre de ces réactions ont suscité débats et écrits car venant de personnalités publiques que l’on a guère entendu dénoncer les exactions de Bachar Al-Assad et soutenir les civils syriens qui subissent les bombardements réguliers sur le dernier bastion d’Idleb.
Au final, peu de réactions ont pris réellement fait et cause pour les humains, utilisant les peuples, les confessions, les ethnies pour assouvir leurs propres objectifs politiques sans aucune once de considération pour les hommes et les femmes qui vivent aujourd’hui un calvaire permanent.
Dans un texte publié le 19 octobre 2019 par Vince Remos, militant belge des droits humains, sur sa page facebook, ce dernier tente ce difficile exercice d’équilibre aujourd’hui qui est de ne pas être sélectif dans l’indignation et le soutien aux aspirations légitimes des peuples à la Liberté, la Dignité et la Justice.
A propos de la révolution syrienne et des kurdes
Ecrit par Vince Remos le 19 octobre 2019.
J’ai toujours eu de la sympathie pour le peuple kurde. Je me souviens encore que très jeune j’ai pris conscience du fait que Saddam Hussein était un immonde criminel après qu’il ait gazé plusieurs villages kurdes dans l’indifférence quasi générale déjà à l’époque. J’ai commencé à lutter pour la révolution syrienne au sein d’un comité constitué de réfugiés kurdes. Encore aujourd’hui je considère que ce peuple est victime d’une grave injustice culturelle et politique en Turquie, Syrie, Irak et Iran.
C’est pour cela que l’imposture actuelle au sujet « des kurdes » me dégoûte profondément.
Ces derniers sont aujourd’hui en « occident » littéralement « pris en otage » par nos fantasmes islamophobes et notre besoin de nous dédouaner de notre lâcheté envers la révolution syrienne et les printemps arabes en général.
La réduction du peuple kurde qui comme tout peuples est multiple politiquement à une seule organisation politico-militaire dont le côté sectaire et dictatorial n’est plus à démontrer en dit déjà long sur notre peu d’attachement à la démocratie surtout quand il s’agit « d’ailleurs ». La crédulité d’une partie de « la gauche » qui prend pour « parole d’évangile » la propagande mensongère, sexiste et islamophobe de cette même organisation rappelle tristement l’aveuglement volontaire des « voyages à Moscou » ou les « kampuchea vaincra » de naguère…
Cette hystérie militante sonne d’autant plus faux quand on la compare aux silences complices de cette même « gauche » au sujet du martyr du reste du peuple syrien depuis huit ans en lutte contre une des pires dictatures de la planète avec laquelle cette même organisation « kurde » n’a pas hésité à s’allier…
Pourtant, malgré les errements criminels de cette organisation qui ne le représente que très peu, le peuple Kurde mérite toujours notre soutien et notre sympathie. Parce que ce dernier est en Syrie aujourd’hui menacé d’être tout simplement livré au régime Assad et à ses alliés ou bien soumis aux impératifs sécuritaire du gouvernement turc..sans que ses droits à l’autonomie et son aspiration à la démocratie ne progresse nulle part. Ce peuple a pourtant encore et toujours la même légitimité à obtenir la reconnaissance de ses droits culturels et politiques. Il fait partie intégrante de la révolution syrienne et n’a pas à être instrumentalisé par des puissances étrangères ou le régime Assad. Il ne doit pas être la victime collatérale des fautes commises par une organisation politico-militaire qui se prétends abusivement être sa seule représentation.
Si on veut vraiment soutenir le peuple kurde et ses droits ce qu’il faut faire :
ce n’est pas se mettre au garde à vous devant la propagande du PYD ;
encore moins s’agenouiller devant le régime Assad et ses alliés.;
…mais soutenir dans le cadre de la révolution syrienne les aspirations légitimes des kurdes tout en refusant toute mise sous tutelle de la révolution.
C’est un exercice risqué et difficile, très loin des postures et des impostures qui polluent actuellement le débat et nos perceptions de la situation mais c’est le seul chemin qui permettra au peuple Kurde et à la révolution syrienne de se sauver.
VR octobre 2019 un jour de fragile et très relatif cessez le feu