Zahra, un cri de Damas
Zahra est une jeune étudiante. Elle vit à Damas. Son prénom a été changé pour la protéger. Elle nous a contacté pour diffuser le texte ci-dessous qui a été traduit par Céline Martelet. (La version arabe est publiée juste après).
Dans le quotidien de Damas, ma ville, se mélangent les espoirs et les rêves de chacun de ses habitants. Le rêve d’une journée au calme loin de l’agitation des rues, des querelles entre passants, de la course derrière les bus de transports en commun. Les soupirs des plus pauvres, accablés par la vie et noyés dans l’indifférence, perforent à peine l’estomac des plus riches.
Chaque âme dans le monde de cette ville n’en appelle qu’à la fin de ce cycle infernal où il n’y aura plus à regarder augmenter sous nos yeux les prix qui nous font renoncer à acheter ce dont nous avons besoin.
Des sillons de fatigue sont maintenant dessinés, dès les premiers jours du mois, sur les visages de la plupart de ceux qui luttent aujourd’hui contre la misère pour pouvoir survivre.
Rien ne donne envie de continuer. Chaque instant est empoisonné par l’attente. … l’attente que l’argent apaise la vie et les nerfs … Le stress a pris possession des âmes mortes des misérables, et l’épidémie se propage dans les poumons du pays …
Les files d’attentes prennent plus de place que nos mots.
Zahra, Avril 2021
(Traduction de Céline Martelet, journaliste indépendante.)
************ La version arabe originale******************
الأيام في مدينتي معقود على نواصيها الأمل المحمّل بأحلام الجميع؛ حلم اليوم الخالي من زخم العيش المليء بصخب الشوارع….مشاجرات المارة….مشاهد المارثون اليومي وراء حافلات النقل. تنهيدات الفقراء اليوميّة تكاد تثقب بطون الأغنياء المتخومة بالحياة واللامبالاة. كل قلب في هذه المعمورة يدعو أن يُكمل دورة يومه فحسب، فلم يعد يسترق النظر إلى مناظر الغلاء التي تكاد أن تقتل بوادر نيته بشراء قطعة تسد رمق حاجته. أخاديد التعب تُرسم الآن منذ نعومة أظفار الشهر على وجوه معظم من ينحتون اليوم شقاءً كي يصلوا للقمة العيش المنتظرة. لا شيء يبدو سائغًا للاستمرار؛ فكل الأوقات مسمومة بالانتظار… انتظار كل ماله صلة بالحياة وعصبها… الكهرباء تقيم في نفوس البؤساء مآتمًا والوباء يستشيط انتشارًا في رئة البلاد……والطوابير أفصح من الكلام.