Les Confinés. Jour 7 : Mon Papa.

Depuis 1970, avènement d’Hafez Al-Assad, la Syrie était un pays confiné. Le maillage serré des services de renseignement et l’emprisonnement comme mode de gouvernance enfermaient les esprits, les corps et les âmes. La révolution de mars 2011 a libéré la parole et une véritable énergie créatrice s’est exprimée à travers un foisonnement d’innovations citoyennes, d’expressions artistiques et intellectuelles. La répression brutale du régime Assad conjuguée à une inertie de la communauté internationale a projeté les Syriens dans un autre confinement.

Arrêtés arbitrairement, déplacés loin de chez eux sur le territoire syrien, réfugiés à l’étranger, survivant dans leurs villes tenues par le régime Assad… Quelles que soient leurs situations, les Syriens sont très peu entendus et vivent une nouvelle forme de confinement et d’enfermement dont le premier est, à nos yeux, l’indifférence.

La visibilité croissante de journaux de confinement « bourgeois » de personnalités qui croient vivre une soudaine apocalypse a motivé Nina Khokha, artiste syrienne originaire d’Alep, pour écrire et dessiner des histoires, vraies ou inspirées de plusieurs histoires vraies, qui racontent ces enfermements ignorés voire méprisés : celle de Syriens d’aujourd’hui plongés en pleine apocalypse. Nous lui ouvrons nos pages, en la remerciant.

Voici leurs histoires :

Les confinés – Jour 7 : Mon Papa
المحظورين : أبوي

Par Nina Khokha.

Lui, c’est mon Papa.

Avec ses yeux verts et sa moustache verte. Oui, verte (mon oncle Michel avait la moustache bleue mais c’est une autre histoire que je vous raconterai un jour).

Quand j’étais petite, il était jeune. Maintenant il est toujours jeune, en plus vieux. Enfin il parait, moi je le vois grenouille.

Mon Papa est une grenouille, je suis accrochée à son dos et nous faisons des ronds dans l’eau. Nous aimons l’eau douce des piscines, ou en glaçons pour la faire tinter dans un verre de scotch. Après nous ajoutons du rythme en craquant des pistaches rôties.

Mon Papa est aussi une pistache. Et pour une pistache, il n’est jamais bon de quitter sa maison, c’est même souvent comme ça qu’on finit sa vie dans un baklawa ou en accompagnement d’un verre de scotch.

Alors mon Papa, ce n’est pas un confiné comme les autres puisqu’il a choisi de ne pas quitter Alep. Par amour. Pour elle. Mon Papa est une pistache et sa coque est Alep.

Après 9 ans à vivre l’effritement de sa ville chérie, après plusieurs années à n’occuper qu’une pièce de la maison, à défaut de pouvoir chauffer et éclairer les autres en temps de guerre, on lui dit qu’il doit rester confiné. Et j’espère qu’il ira bien, car cette fois, il n’a vraiment plus le choix de rester là où il est. Il est fragile des poumons, mon Papa, et la Syrie est encore en guerre.

Mais surtout… le vert lui va si bien.

 

Version en persan : par Foad Roostaee

برگرفته از صفحه ی فیسبوبوک
قرنطینه شدگان
روز هفتم: پدرم
این آقا بابای منه. با چشمای سیز و سبیل سبز.بله، سبز (عموی من سبیلش آبی یود امّا اون یه داستان دیگه است که یه روز براتون تعریف می کنم).
وقنی من کوچولو بودم، بابام جوان بود. هنوزم جوونه، و علاوه بر اون پیرم هست.
به هرحال چنین به نظر میاد ومن اونو قورباغه می بینم.
بابای من یه قورباغه ست، من به پشتش چسبیدم و با هم تو آب می گردیم.ما اِّبِ شیزین استخر رو دوس داریم یا به صورت یخ برای انداختن و صدا در اوردن تو لیوان ویسکی. بعدِشم از پسته ی بو داده به عنوان مزّه استفاده می کنیم.
بابای منم یه پسته است. و برای یه پسته اصلاً خوب نیست که پوسته یا خونه شو ترک کنه، چرا که در اغلب موارد زندگیش داخلِ یه گَز یا باقلوا یا به عنوانِ مزّه ی ویسکی تموم میشه.
بگذریم. بابای من مثه بقیّه ی مردم دنیا قرنطینه نشده. علت اونم اینه که تصمیم گرفت که هیچوقت حلب رو ترک نکنه. به خاطرِ عشقش به حلب. بابای من یه پسته س و پوست اون شهرِ حلبه.
پس ار ۹ سال شاهد ویرانی و فروپاش شهرمحبوبش بودن، پس از سال ها زندگی فقط در یک اتاق خونه- چون نمی تونس بقیّه ی اتاقا را روشن وگرم نگه داره – بهش گفتن که باید در خونه بمونه. و من امیدوارم که حالش خوب باشه، چرا که این دفعه انتخاب دیگه ای نداره. بابام مشکل ریه داره و شکننده، و در سوریه هنوز که هنوزه جنگ ادامه داره.
به همه ی اینا، رنگ سبز بهش میاد.