De Tel Al-Zaatar à la Ghouta

Archive : le camp de Tel Al-zaatar au Liban
Archive : le camp de Tel Al-zaatar au Liban

Youssef Bazi Syria TV

Traduit de l’arabe par Lise Alchami

En 1976, l’artillerie de l’armée syrienne a contribué au siège de « Tel Al-Zaatar » à Beyrouth-Est, imposé par les milices du « front libanais » sur le camp de réfugiés palestiniens. Les officiers du régime syrien ont mené l’attaque contre le camp, ce qui a conduit à la mort d’environ 2 000 Palestiniens et le départ des habitants restant. Ce massacre était le couronnement de la conquête militaire syrienne au Liban qui a eu lieu après que Hafez Al Assad a assuré à Israël que ses forces ne franchiront pas le fleuve Awali (au nord de Saïda et à 65 kms du nord de la Palestine) et que les Américains ont assuré « apprivoiser » l’OLP.

Deux ans plus tard, avec l’assujetissement de l’OLP et de la gauche libanaise et dans le but de poursuivre son emprise sur le Liban, l’armée syrienne a lancé une guerre ouverte contre les zones du « front libanais » (les partis de la droite chrétienne). À nouveau, l’artillerie syrienne a assiégé le quartier d’Achrafieh à Beyrouth-Est , pendant 100 jours avec des bombardements très violents qui ont conduit à des centaines de victimes et des destructions énormes. Cette guerre ne s’est arrêtée qu’avec des pressions internationales et arabes et les menaces de l’armée israélienne qui avait envahi pour la première fois quelques mois auparavant le Sud Liban sans rencontrer la moindre réaction syrienne.  De même, deux ans après « la guerre des cent jours », l’armée syrienne a assiégé la ville de Zahlé avec des bombardements violents et des tentatives d’y entrer de décembre 1980 à juillet 1981, avec un lourd bilan de centaines de victimes et de destruction matérielle, de nombreux habitants ont quitté la ville. À peine terminé, le terrible drame de la ville de Hama a commencé en 1982 et un an plus tard, l’artillerie syrienne a frappé la ville libanaise de Tripoli pour en chasser Yasser Arafat et ses forces.

La tragédie de Tripoli a recommencé en 1985 lorsque l’artillerie syrienne l’a assiégée et que les milices soutenant le régime syrien l’ont attaquée. 15 jours de bombardements violents à l’arme lourde.

Les officiers de l’armée syrienne ont mené une des pires guerres au Liban, la guerre des camps , pendant plus de trois ans ,  le malheur de la ville ne s’est pas arrêté avec sa reddition car les Moukhabarat syriens ont commis de nombreux massacres dans les quartiers habités et ont assassiné des dizaines de jeunes, liquidé des personnes arrêtées et ont emprisonné des centaines d’autres dont le sort est inconnu jusqu’à aujourd’hui. Les milices du mouvement chiite « Amal » soutenues par les renseignements, la logistique et l’artillerie syrienne ont assiégé les camps de Sabra, Shatila et Borj al Brajneh. Leurs habitants ont connu la famine, 80 pour cent de Shatila a été détruit, 90 pour cent de Sabra a été détruit, le nombre de victimes palestiniennes avoisine le nombre de victimes causées par Israël en 1982 dans les mêmes camps.

Un an plus tard, « la guerre de libération » annoncée par le général de l’armée libanaise Michel Aoun a commencé pour faire sortir l’armée syrienne du Liban. Une guerre de bombardements intenses et aveugles entre les artilleries syrienne et libanaise, avec une différence importante (par rapport aux autres guerres), le bombardement délibéré par l’armée syrienne des quartiers d’habitations à Beyrouth-Est sous son contrôle, de même les Moukhabarat syriens ont assassiné le grand mufti de la république, le Sheikh Hassan Khaled après qu’il a osé dénoncer publiquement les méthodes criminelles du régime syrien.

Hafez Al Assad a couronné ses campagnes militaires au Liban en 1990, avec la bénédiction des Américains et des Arabes et la permission des Israéliens (récompense à sa participation à la guerre de libération du Koweït) en lançant l’assaut sur les zones chrétiennes pour faire tomber le général Michel Aoun, considéré comme un renégat. Des combats qui ont conduit à des massacres de dizaines de soldats libanais qui se sont rendu, la disparition de centaines d’autres dans les terribles geôles syriennes. Commence alors une « tutelle » politique et sécuritaire syrienne sur le Liban de 15 ans, 30 ans de « présence syrienne » au Liban et 40 ans d’accaparement du pouvoir par la famille Assad à Damas, durant lesquels les Palestiniens, les Syriens et les Libanais ont fait l’expérience des meurtres collectifs, des sièges, des expulsions de civils, de bombardements destructeurs, d’assauts militaires, d’assassinats, d’enlèvements, viols, pillages, vols, répression et humiliation. Une armée qui a un tel passé sanglant et de telles expériences , est compétente et expérimentée en 2011, le régime syrien n’a pas attendu  la Russie et le « modèle de  Grozny » et la politique de la terre brûlée pour que s’abatte sur son pays et son peuple la pire catastrophe humanitaire depuis la deuxième guerre mondiale, ce qu’elle a fait à Tel Al-Zaatar, Hama, Tripoli, Beyrouth et Zahlé au 20ème siècle, elle l’a refait en plus intense à Homs, Hama, Alep, les faubourgs de Damas, le camp de Yarmouk et toutes les provinces syriennes depuis 2011 et jusqu’à aujourd’hui. Grozny, malgré ses horreurs a été dépassée dans l’horreur depuis la première attaque chimique du régime sur la Ghouta Orientale à l’été 2013, jusqu’à aujourd’hui, des pluies de barils d’explosifs, de missiles, de gaz mortels, de siège et de famine, c’est l’apogée d’une histoire qui débute à Tel Al-Zaatar, une histoire qui se répète, sans fin ni conclusion dans ces pauvres pays.

La source en arabe :

https://www.syria.tv/content/من-تل-الزعتر-إلى-الغوطة