Abdelbasset Al-Sarout, natif de Homs, est mort le 8 juin 2019 des suites de ses blessures survenues alors qu’il combattait l’offensive du régime de Bachar Al-Assad dans la région d’Idleb avec le groupe d’opposition Jaysh Al-Ezzah.
La ferveur avec laquelle il a été pleuré par des dizaines, voire des centaines, de milliers de syriens à travers le monde est révélatrice du symbole que représente cet ancien gardien de but acquis à la cause de la Révolution syrienne dès ses 1eres heures.
Dans le même temps, la propagande contre – révolutionnaire s’est mise en marche, cherchant à ternir l’image de cet homme en pointant quelques éléments « dissonants » de son parcours d’activiste combattant à l’image de cette Révolution orpheline et désemparée.
Le 8 mai 2016, EA Worldview publiait la traduction anglaise d’une longue entrevue de Abdelbasset Al-Sarout réalisée par Khaled Abo Salah le 22 avril 2016. Entrevue dans laquelle il s’expliquait sur ses choix afin de lever les controverses qui fleurissaient déjà.
Une amie de Syrie News qui a beaucoup œuvré pour la Syrie jusqu’à y laisser une part d’elle-même a réalisé une traduction en français publiée initialement sur un site google.
Nous avons décidé de publier ici cette traduction en mémoire de Abdelbasset Al-Sarout mort il y a 40 jours, et de manière à laisser une trace pour contrer les fausses vérités véhiculées sur son compte. Nous tenions également à adresser un signe de remerciement envers cette amie très engagée à qui des activistes français doivent de s’être rencontrés et regroupés afin de tenter d’informer, malheureusement souvent en vain, sur la situation dramatique que vit le peuple syrien depuis 2011.
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Traduction réalisée par @HopeSarout.
« Permettez-moi de vous présenter le symbole de la révolution.
Avec son courage et sa simplicité,
Abdelbasset Sarout de Homs est devenu
le trésor de la révolution.
Il dit toujours :
« La Syrie est ma famille,
je ne peux pas y renoncer »
Il va tout nous raconter de son histoire:
Les 1eres manifestations, les 1ers combats,
le cas Daesh & Nosra,
et bien-sûr les chants révolutionnaires.
Question :
Je voudrais bien que vous nous parliez du début de la révolution.
Réponse :
Je ne peux pas décrire les débuts de cette révolution avec de simples mots, ce fut le plus beau moment de sa création, le début a été beaucoup plus difficile que ce que nous voyons aujourd’hui. J’étais présent à l’origine de la révolution et je suis sorti aussi dans les rues pour soutenir le peuple.
Question :
Parlez-moi de votre première protestation, où êtes-vous allé chanter ?
Réponse :
Ma première manifestation c’était à la tour de l’horloge à Homs. Je suis sorti avec les manifestants, c’était en l’honneur des 1ers martyrs. Il y avait des snipers du régime d’Assad postés tout autour de la zone. J’ai alors commencé à chanter :“Ecoutez, écoutez, oh sniper, ceci est mon cou et voici ma tête ».
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Question :
Vous aviez aussi l’habitude d’accueillir d’autres célébrités à vos manifestations, telles que la vedette Fadwa Suleiman. Pourriez-vous nous parler de cette expérience ?
Réponse :
Tout d’abord, nous avons accueilli beaucoup de brillantes célébrités de toutes sortes, Homs a gagner la réputation d’être la capitale de la révolution et l’esprit de la révolution.
Nous avons représenté la beauté de la manifestation et des gens de ce pays, parmi eux Fadwa Suleiman et d’autres acteurs,dont beaucoup de la région de Salmaniyah.
Nous avions tous le même objectif : la chute de ce régime, et la liberté pour le peuple. Nous étions tous unis en chantant contre ce régime tyrannique et son oppression.
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Question :
Dans la première année de la révolution, votre groupe et vous, vous êtes déplacés d’un endroit à l’autre, de Deir Baalba à Bayada, à Khaldiyeh, à Bab Amr.
Comment avez-vous réussi à vous déplacer étant donné que tous les habitants de Homs étaient conscients qu’il existait des points de contrôle du régime largement répartis ? Comment les habitants vous ont accueillis ?
Réponse :
Bien sûr, la simple évocation des souvenirs de ces jours apportent des larmes et aussi du bonheur. Ces situations ont été les plus dangereuses.
Il y avait deux points de contrôle séparés de seulement 400 mètres et nous devions traverser à pied. Parfois, nous avons été obligés d’ouvrir le feu.
Quand nous avons atteint Khalidiyeh, nous nous sommes aperçus que les résidents attendaient notre arrivée, et toutes les zones étaient solidaires les unes avec les autres.
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Question :
Le régime a offert une récompense pour avoir des pistes sur vos allées et venues Abdul Basset. Même maintenant très récemment, le régime a mis un prix élevé sur votre tête.
Pourriez-vous me dire pourquoi vous pensez que le régime veut vous capturer ou vous tuer, et qui sont les gens qui ont tenté de le faire ?
Réponse :
Cette question, je ne sais pas comment vous y répondre, devrais-je répondre en tant que personne individuelle qui a été opprimée, devrais-je y répondre en tant qu’esprit de la révolution, ou devrais-je répondre en toute simplicité, ou par rapport à mon expérience ? Le sujet de cette question est très déconcertant.
Oh les gens, nous sommes la famille de la révolution, nous sommes ceux qui sont sortis et nous étions ceux que le régime poursuivait. Nous étions ceux pour qui le régime versait de grosses sommes d’argent pour que des gens nous tuent, ce qui signifie que nous étions plus puissants que les armes. Ceci est un fait. Oui, les armes ont un rôle, et vous savez très bien que prendre les armes nous a été imposé.
Cependant, vous savez, quand ils commencent à vous poursuivre et offrir de l’argent pour vous assassiner, cela signifie que votre voix est très grande. Toutes ces voix ont fait trembler le régime.
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Question :
Comment avez-vous trouvé la réponse du régime aux manifestations ? Était-ce proportionnel ? Était-elle raisonnable ?
Réponse :😕😕😕😕😕😕😕😕😕😕😕😕
Le sol de Homs inondé de sang, la destruction de Homs, et les martyrs. L’image d’une réponse brutale devient claire. On pourrait penser que nous produisions des armes chimiques à Homs pour justifier une telle réponse à l’ensemble de son arsenal. En fait, nous étions – à l’exception des frappes aériennes – les premiers à expérimenter cela. Même pour l’arme chimique, nous avons été les premières victimes de telles attaques, avant même Ghouta, Deir Baalba et Bayada, ont été les premiers à y être soumis.
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Question :
Au début de la révolution, le régime a-t-il eu plus peur des manifestations, ou de l’Armée syrienne libre ?
Réponse :
Ils étaient tous deux indépendants. Les protestations brisaient le régime, elles étaient des tremblements de terre au-dessous du trône de ce régime, et envoyaient un message clair pour tous les gens.
Cependant, après les attaques contre les manifestants dans les étapes ultérieures, les manifestations et l’Armée syrienne libre se sont complétées l’une l’autre.
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Question :
Pourquoi Abdul Basset Sarout – connu pour être un pionnier dans la révolution – a-t-il pris les armes ?
Réponse:
Nous avons pris la décision de prendre les armes parce que d’abord, nous y sommes allés avec des branches d’olivier et mis à nu nos poitrines. On n’a jamais eu l’intention de prendre les armes.
Après, nous avons montré au monde entier l’image de ce qui se passait, une fois qu’ils nous voyaient manifester sans bigoterie ou sectarisme, et en plus de cela, être tués.
Nous n’avions plus d’autre choix que de nous défendre, de défendre notre terre et notre honneur, et il n’est pas honteux d’avoir recours au djihad en légitime défense. Ceci est un commandement de Dieu pour vous défendre. Cette pression sur nous nous a forcés à prendre les armes, mais c’était la dernière chose que nous voulions faire.
Vous intégrez le fait qu’un manifestant est tué chaque jour, jour après jour, et au bout d’un moment vous réalisez que vous devez vous défendre.
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Question :
Comment avez-vous formé votre brigade ? Qui sont-ils ?
Réponse :
La brigade des Martyrs de Bayada était composée des mêmes personnes qui ont servi à m’aider à organiser les manifestations, qui ont écrit les pancartes, qui jouaient sur les tambours, qui ont nettoyé avant et après les manifestations. Le même groupe de personnes était parfois en même temps en train de combattre, et de baisser les armes et se joindre aux manifestations. Ils organisaient et unissaient le peuple et créaient des annonces.
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Question :
Vous combattiez sur le front le plus dangereux (Ta’minat). N’aviez-vous pas peur à cause de votre manque d’expérience dans la guerre ?
Réponse :
Vous savez, nous avons acquis notre expérience militaire sur ce front. Nos principaux succès militaires sont partis de ce front. Mais après, nous avons perdu Khaldiyeh, puis Ta’minat, puis Bayada et Deir Baalba et, avec des frappes aériennes intenses et peu d’expérience militaire, cela a été un gros problème.
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Question :
Au début du siège de Homs, vous vous êtes retiré de la direction de Rif, de sorte que vous puissiez rencontrer d’autres combattants pour briser le siège. Parlez-nous de cela.
Réponse :
Quand j’ai quitté le siège, je suis parti pour recueillir de la nourriture pour la brigade. J’ai décidé d’organiser une nouvelle brigade pour briser le siège de l’extérieur.
Ce fut un travail rigoureux. J’étais épuisé et même blessé 2 fois dans la bataille pour briser le siège. La bataille de Deir Baalba a été la plus réussie et a abouti à briser le siège.
Dans la bataille de Deir Baalba, nous avons capturé immédiatement jusqu’à 120 hommes. Nous ne nous attendions pas à ce que cela soit si facile, mais Dieu nous a offert le succès. Nous avancions à la fois à Bayada les uns sous le siège, et les autres à l’extérieur du siège.
Ceux à l’intérieur ont eu un grand succès, il y avait juste une courte distance entre eux et nous à gauche, et c’est alors que le régime d’Assad les a frappés avec des armes chimiques. Le régime nous a également frappés avec des armes chimiques quand nous étions à Deir Baalba. C’était la première fois que des armes chimiques étaient utilisées.
Nous avons eu des cas de suffocation, beaucoup de gens sont morts et voilà pourquoi la rupture du siège a finalement échoué.
Si le régime n’avait pas réalisé que nous allions briser le siège, il n’aurait jamais utilisé d’armes chimiques.
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FFFFFFF😬😠😠😡😡
Question :
Quand vous ne pouviez pas briser le siège, vous avez décidé de revenir dans la zone assiégée. Pourquoi êtes-vous revenu dans le siège ?
Réponse :
Ceux qui quittaient leur maison étaient devenus des étrangers. Vous savez, être un étranger est beaucoup plus difficile. Et vous entendez les réfugiés syriens dire parfois :
“Je veux revenir chez moi même si je dois mourir”. J’ai décidé que je serais solidaire avec ceux qui étaient assiégés, que nous allions mourir de faim et même mourir avec eux, et que si Dieu nous accordait la libération, alors nous serions libérés tous ensemble. Au moins, nous pouvions être assurés que nous avions fait tout notre possible devant Dieu, mais même alors, nous avons tant de lacunes.
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Question :
Un jour après, votre frère a été un martyr ?
Réponse :
Oui, on m’a tiré dans l’estomac, et mon frère Mohammed est mort en martyr. Puisse Dieu l’accepter.
Question :
Qu’avez-vous ressenti après 2 ans de siège et le fait d’avoir recours à manger des feuilles ? Vous êtes-vous senti abandonné ? Avez-vous eu le sentiment que personne n’essayait de briser le siège ?
Quel genre de pensées couraient à travers votre esprit ?
Réponse :
Nous avons traversé des périodes – voir le moment où nous sommes retournés dans la zone assiégée – pendant lesquelles la vraie famine a commencé.
Avant, vous pouviez obtenir un peu de blé bulgare ou de blé régulier. Après un mois, il n’y avait plus de nourriture.
Nous mangions de l’herbe, du piment, du sirop de grenade et de la soupe constituée d’eau et d’épices et d’herbes. Cela a été difficile, mais Dieu nous a donné la force de résister.
Quant aux nouvelles venant d’au-delà du siège, nous avons arrêté de croire tout ce que nous entendions. Nous avions seulement nos espoirs avec Dieu. Ce qui a rendu ces périodes plus faciles, c’est que ce siège était plein de bénédictions.
Chaque difficulté nous rapprochait de Dieu pour être récompensé. Dans chaque étape, il y avait une récompense avec Dieu. Imaginez si vous mouriez en défendant vos droits, en défendant votre terre et la religion, dans ce siège étranglant. Cela vous rappelle les jours des compagnons du Prophète. Bien-sûr, je ne me compare pas spécifiquement à eux.
Vous avez le sentiment que Dieu vous a choisi, et cela apaise votre cœur.
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Question :
Parlez-moi du moulin à farine où environ 64 jeunes hommes ont été tués en tentant de ramener de la farine pour faire du pain pour les enfants. Où un grand nombre de vos hommes ont également été tués, dont 2 de vos propres frères.
Réponse :
En toute honnêteté, vues les conditions du siège et de cet incident, si tous les historiens du monde devaient écrire à ce sujet, il serait maintenu aussi légendaire dans son propre droit. Il est la quintessence de la valeur. Même la définition de valeur tomberait, et je ne parle pas seulement de ma brigade.
Dans cette bataille, nous étions juste une branche parmi de nombreuses branches, où nous avons tous travaillé ensemble dans le siège. Encore une fois, par Dieu, je ne parle pas spécifiquement de ma brigade ou de mes 2 frères qui ont été tués. Je parle d’une femme qui est sortie dans la rue et qui a crié : “Qui va fournir de la nourriture pour mes enfants ?”
Ce fut la raison de cette opération, et nous avons pris cette décision de conscience en nous dirigeant vers le moulin à farine. Soit nous allions tous mourir, soit nous allions réussir à ramener de la farine.
Nous avons en partie réussi, mais l’opération s’est soldée par un échec, et notre récompense est avec Dieu.
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Question :
Pourriez-vous me dire ce que vous avez ressenti quand vous avez été escorté hors de Homs dans les bus, et qu’à votre droite il y avait la mosquée de Khalid Ibn Walid, après un si long siège, et après avoir enduré la misère et le martyr des meilleurs jeunes de Homs ?
Réponse :
(Il entonne la chanson) « Notre Homs, Notre Homs, Notre Homs, je jure que je ne voudrai jamais te quitter, tu es en nous, Oh Maître Khalid, Oh fils de Walid, puisse Dieu permette que jamais nos efforts ne soient gaspillés, le sol de Homs est comme le sol d’Al Qods, nous reviendrons, par la promesse de notre Seigneur, et nous essuierons vos larmes, chère mère »
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Question :
Après avoir été transportés au nord de Homs dans le 5ème mois de 2015, vous avez été accueillis dans leurs maisons. Pourriez-vous m’expliquer ce que vous aviez l’intention de faire après cela ?
Réponse :
Bien sûr, avant d’être évacués, nous avions déjà prévu l’étape suivante. Nous avions décidé d’organiser un mouvement appelé « Faylaq Homs » et, à cause de ce que nous avions vécu pendant le siège, notre objectif immédiat était de briser le siège du peuple de Wa’er.
Il y avait plus de 150.000 civils assiégés, des femmes et des enfants. Il était primordial pour nous de penser à ces gens.
Cela aurait été un crime pour cette révolution, si nous n’avions pas travaillé à briser ce siège.
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Question :
Après avoir formé « Faylaq Homs », vous l’avez quitté, puis, peu de temps après, les rumeurs ont commencé à circuler que vous aviez prêté allégeance à la « Dawlah » (Etat Islamique).
Quelles sont les origines de ces rumeurs, et sur quoi se sont-elles basées ?
Réponse :
Il n’y a pas de fumée sans feu. S’il n’y avait aucun fondement à ces rumeurs, personne n’aurait porté une telle accusation.
Donc, je peux confirmer qu’elle avait une base. 7 mois après mon départ de « Faylaq Homs », j’ai été en contact avec un homme nommé Abu Dawud, de l’Est de Homs, du groupe « Ahlul Sunna wal Jama’a ». Il avait quitté ce groupe, et était à la recherche de combattants pour former un nouveau groupe dissident, groupe qui a fini par prêter allégeance à Etat Islamique. Je faisais partie de ces gens qui cherchaient du travail. J’étais frustré par 7 mois de sur place avec mon groupe précédent pour briser le siège.
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Question :
Qu’avez-vous alors fait avec Abu Dawud ?
Réponse :
Nous avons recueilli certains groupes, y compris le mien. Ils nous ont demandé : “Quand Etat Islamique atteindra cette zone, serez-vous prêt à leur prêter allégeance ?” En toute honnêteté, je faisais partie de ceux qui étaient prêts à prêter allégeance, parce que je voulais travailler.
Donc, je l’ai dit à Abu Dawud, et il a pris ma réponse comme une allégeance automatique. Cependant, plus tard, il s’est avéré que ce n’était pas un moyen légitime de prêter allégeance et invalide.
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Question :
Donc, était-il en fait un combattant d’Etat Islamique ?
Réponse :
Non, Abu Dawud était comme nous, il n’avait aucune affiliation. C’était son propre projet qu’Etat Islamique ne jouait aucun rôle dans ou eu aucune connaissance.
Question :
Donc, c’était juste une personne ordinaire qui pensait créer un groupe qui prêterait allégeance ?
Réponse :
Exactement. C’était juste une idée. Il cherchait juste combien de gens seraient prêts à prêter allégeance et après avoir obtenu les chiffres sur cette base, il aurait alors parlé à Etat Islamique et leur aurait demandé si nous pouvions prêter allégeance. Donc, on n’a jamais été réellement affiliés à Etat Islamique ou même prêté allégeance. Même mon propre serment d’allégeance à Abu Dawud était invalide parce qu’il ne faisait pas partie d’Etat Islamique.
(Depuis cette base que la rumeur a commencé que Basset avait prêté allégeance à Etat Islamique)
Question :
Ok, qu’a provoqué quelqu’un comme vous qui contemplez même rejoindre Etat Islamique ?
Réponse:
Beaucoup de gens ont été provoqués pour rejoindre, pas seulement Abdul Basset. Lorsque vous, comme une brigade sort d’un siège, et comme des combattants commencent à avoir les soutiens offerts, vous n’avez pas d’autre choix que celui de travailler avec ce que vous avez. Vous voyez des brigades être affamées de fournitures pour une si longue période, et le témoignage d’aucun progrès politique; vous avez le droit de chercher un chemin ailleurs. Comme pour la Dawlah (Etat Islamique), ils étaient déjà dans les Rif au moment où je quittais le siège.
Au moment où je quittais le siège, il y avait Nusra, Ahrar, et de nombreuses factions. À l’époque, ils ne se battaient pas entre eux.
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Question :
Début Avril, Etat Islamique a envoyé un groupe de ses législateurs Shariah, environ 8 personnes, au Rif de Homs – bien-sûr, à ce stade, il n’y avait pas encore de présence spécifique d’Etat Islamique dans cette zone – pour recevoir le serment d’allégeance à Etat Islamique, et même l’ouverture de camps d’entraînement. Avez-vous déjà rencontré l’un de ces législateurs ? Y a-t-il eu une communication entre vous ?
Réponse :
A cette période, lors de rassemblements, il y avait des gens qui connaissaient chaque autre depuis chaque groupe. Certaines erreurs ont été faites par certains groupes qui étaient un anathème à la religion et la révolution
J’ai donc décidé de me retirer. Des erreurs ont été faites par les mêmes groupes qui étaient intéressés pour se joindre à Etat Islamique.
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Question :
Juste pour que les gens comprennent. Donc, les gens qui appelaient les factions à s’unir et à mettre en gage l’allégeance à Etat Islamique, étaient ceux-là mêmes qui ont fait les erreurs dont vous parlez ?
Réponse :
Oui, et ils étaient un grand groupe de personnes et environ les ¾ d’entre eux se sont inclinés au serment d’allégeance. Je jure par Dieu qu’ils étaient autour de 5000. Certains qui avaient déjà donné et tout sacrifié pour la révolution. Quelle que soit l’affiliation, tous des combattants pour lesquels j’ai la plus haute estime, mais je vous jure que les ¾ étaient prêts à s’engager.
Cependant, il y avait certains chefs militaires qui avaient commis une grave erreur, donc je me suis retiré complètement de tout ce projet, je ne voulais rien avoir à faire avec lui.
Cela était tout à fait clair, je l’ai même dit à Jabhat Al Nusra, à Fallaq Homs, à tous, que je voulais juste travailler. J’ai cependant découvert que la politique avait contaminé la révolution.
Lorsque les législateurs sont arrivés, ils me recherchaient pour recevoir mon engagement après qu’on leur ait dit que je faisais partie de ceux qui avaient dit précédemment qu’ils voulaient mettre en gage.
Donc Abu Dawud et les groupes de ce même projet leur ont dit que j’avais changé d’avis pour raisons personnelles. Ils m’ont signalé à un individu depuis Talbiseh. On m’a dit que l’émir était venu pour prendre mon allégeance. J’ai demandé : « Où vais-je être affecté? » Il a dit qu’il était à Talbiseh, et de venir à Zafaran. Je lui ai dit : “Talbiseh et Zafaran tombent en plein milieu du nord, pourquoi devrais-je être affecté ici ? Où est le travail ? Par exemple, nous devrions prendre à l’est, à Houla par exemple, une très grande surface. Vous savez, pour travailler. Pas pour établir simplement un état dans le nord et commencer à diriger les gens”
Donc, cet individu est venu à moi et m’a posé cet ultimatum : “Je prête allégeance, ou je renonce à mon arme”.
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Question :
Pourquoi voulait-il votre arme?
Réponse :
Parce qu’il a été considéré que j’étais maintenant un murtad (apostat) pour ne pas avoir prêté allégeance à Etat Islamique. L’arme était même ma propre arme personnelle, non délivrée par l’organisation. Je lui ai dit que je ne serais pas en gage, ou renoncerais à mes armes.
Donc, plus important encore, quelqu’un disait de mauvaises choses de moi, les accusations de « sahawat » circulaient, et on m’a dit de mettre en gage. Je lui ai dit que je ne voulais pas mettre en gage. Il a alors dit “Donnez-moi votre arme”.
J’ai répondu : “S’il y a quelqu’un d’autre parmi vous de plus macho que Abdul Basset, laissez-le venir pour prendre mon arme. Rassemblez tous les hommes que vous avez, et prenez mon arme. Si vous êtes plus d’un homme que Abdul Basset ou quelqu’un avec vous, laissez-les essayer de me prendre mon arme”
Ce fut ma réponse. Pensez-y ainsi, si quelqu’un les aborde de cette manière, alors vous savez immédiatement que tous les liens ont été rompus.
Question :
Donc, dites-le clairement. Vous n’avez jamais prêté allégeance (à Etat Islamique) ?
Réponse :
Bien sûr que non.
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Question :
le 9 septembre 2015, votre brigade a publié une vidéo de vous niant l’allégeance et avouant que vous étiez une brigade indépendante. Quelle était la raison ?
Réponse :
La bataille de Zafaran et Talbiseh avait commencé entre les factions rebelles contre Etat Islamique. Au milieu de cela, Jabhat Al Nusra m’a approché pour me demander mon allégeance. C’était au coeur de la bataille, et de nombreuses personnes en sont témoins.
Ils sont venus à moi, ils avaient peur de moi. Ces législateurs Abu Rashid Al Gahm, Hatim, et Azzam, m’ont demandé quelle était ma position dans cette bataille.
Je leur ai dit que nous ne voulions pas être impliqués, que nous étions un groupe qui refuse de verser le sang des autres musulmans, et qu’en même temps si nous avions soutenu Etat Islamique, nous leur aurions prêté allégeance. Au début ils ont été très compréhensifs («Que Dieu vous récompense. Nous savons que vous n’aimez pas les effusions de sang et que vous avez toujours été de bons modèles »).
Une fois les batailles terminées, j’allais et venais comme si de rien n’était. La bataille était finie. Durant 6-8 mois, j’ai travaillé dans les régions orientales pour soutenir les fronts. Je travaillais de façon indépendante.
Comme vous le savez, je n’étais affilié à aucune faction et je n’ai eu aucun soutien étranger. J’ai crée ma propre brigade, nous avons travaillé à Hasad, Zaytoun et Baluz.
Tout le monde savait cela, peut-être dans d’autres régions comme Idlib ou Deraa, ils ignoraient cela. Je jure devant Dieu que tout le monde dans le Rif savait, même le groupe qui m’a battu.
Tous étaient bien conscients que nous avions crée cette brigade par notre propre travail et notre sueur. Nous nous sommes financés par les butins de guerre sur ces fronts. Nous avons tendu une embuscade aux hommes de ce cochon de Suheil Hassan à Salmiyah, volé des roquettes Grad et des konkurs, et exécuté 13 de ses hommes. Voici comment nous nous sommes débrouillés pour nous-mêmes.
Je crois que c’est la seule raison pour laquelle ils m’ont battu, seulement parce que nous étions en train de devenir beaucoup plus forts et influents qu’eux dans la région. Ils ont finalement commencé à réduire le nombre de mes hommes sur les fronts.
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Question :
Pourquoi ont-ils enlevé vos hommes ? Quelle excuse ont-ils donnée ?
Réponse :
Ils ciblaient certaines personnes. Nous avions apparemment commis des «crimes», comme écouter Abu Hajar al-Hadrami’s (le soi-disant auteur-compositeur d’Etat Islamique).
Ils vous prenaient et vous plaçaient en rééducation parce que pour eux, écouter ces chansons signifiait que vous aviez de la sympathie pour Etat Islamique.
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Question :
Donc, ceci est la raison pour laquelle vous avez publié une vidéo ?
Réponse :
Oui, j’ai publié une vidéo pour rétablir les faits et j’ai été très honnête et clair, mais aujourd’hui je regrette même de m’être libéré. Je le regrette parce que j’ai donné légitimation pour le procès.
Je venais de publier une déclaration pour mettre fin à toute cette épreuve.
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Question :
Nous reviendrons sur ce sujet… Après avoir sorti cette vidéo, vous avez été invité à comparaitre devant le Tribunal de Homs Haute charia parce Jabhat Al Nusra vous avait accusé d’avoir prêté allégeance à Etat Islamique ? Qu’est-ce qui est arrivé exactement au cours de votre procès ?
Réponse :
Si je vous dis en détail, je vais être incroyablement long, je vais vous donner une version restreinte avec seulement les parties importantes.
J’ai été convoqué par le Tribunal, et il a observé d’abord l’histoire de mon point de vue, et ensuite il a été invité à une autre séance où il a vu l’histoire du côté de Nusra.
Après avoir entendu les deux parties indépendamment (préliminaire), alors Nusra et moi avons été convoqués à une seconde audience, où toutes les parties étaient présentes.
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Question :
Qui était le jury ?
Réponse :
Le jury était composé d’un mélange de personnes bien connues, de domaines différents, qui avaient déjà arbitré des colonies de différentes factions de Talbiseh, Nasr Al Nahar et i.e Fallaq Homs.
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Question :
Donc parlez-moi de la première audience.
Réponse :
Je me suis assis, et tout de suite je leur ai dit : « Donc je suis de faire partie d’Etat Islamique ? Ok, apportez-en la preuve ».
Ils ne disposaient pas de preuves. Ils me posaient des questions idiotes comme « Ecoutez-vous des chansons d’Abu Hajar al-Hadrami ? » Essentiellement des questions qu’il est même gênant de poser, car tout le monde dans le nord a écouté ses chansons, et presque tous ont les cheveux longs.
Il y avait des Pakistanais qui avaient aussi les cheveux longs.
C’était simplement des soupçons et dans la charia (loi islamique), vous ne pouvez pas fonder votre preuve sur des soupçons.
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Question :
Avant que vous vous asseyiez avec Jabhat Al Nusra à l’audience, que vous a dit le Tribunal devant le jury ? Ont-ils apporté des preuves ?
Réponse :
Je me suis assis à cette audience pour voir certains éléments de preuve. Ils ont délibérément retardé les choses en parlant de soupçons fondés sur certains membres de mon groupe qui donnaient l’impression d’appartenir à Etat Islamique parce qu’ils avaient les cheveux longs et qu’ils écoutaient Abu Hajar al-Hadrami. Je leur ai demandé de s’assoir en bas avec Nusra, pour apporter toutes leurs preuves et accusations et une fois que cela a été organisé, nous nous sommes tous assis ensemble au Tribunal, comme deux parties avec des témoins.
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Question :
A la fin de l’audience, qu’ont-ils dit ?
Réponse :
Je leur ai demandé de mettre en avant tous leurs éléments de preuve afin que Nusra puisse me confronter avec cela devant je Juge et le Jury.
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Question :
Donc, le tribunal devait d’abord vous informer que Nusra avait toutes ses preuves prêtes ?
Réponse :
Oui, sinon pourquoi étais-je convoqué, s’ils n’avaient aucune preuve ? Sur de simples soupçons ? C’est contraire à la charia (loi islamique).
Donc, je me suis assis devant le Jury pour la première audience sans la présence de Nusra, et ils étaient assis aussi au Tribunal sans moi et sans Jury pour faire valoir leurs revendications.
Alors quand le procès a débuté, nous étions censés nous assoir comme deux parties adverses avec des preuves portées contre moi.
Lorsque le procès a commencé, je me suis retrouvé seul au Tribunal, sans Nusra et sans jury. J’ai demandé : “Où sont mes accusateurs ?”
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Question :
Donc, c’était le procès dans lequel Jabhat Al Nusra et vous étiez censés participer ?
Réponse :
Oui, j’attendais leurs preuves et accusations, et s’il était prouvé que j’étais un membre d’Etat Islamique, je me rendrais avec ma brigade, mes armes et mon matériel, comme convenu. Je ferais également des excuses publiques admettant que je faisais partie d’Etat Islamique et que je reconnaissais avoir reçu un procès équitable.
J’étais préparé à résoudre toute l’affaire pour eux.
Donc, je suis arrivé à la cour mais il n’y avait pas Jabhat Al Nusra. J’ai demandé : “Comment se fait-il qu’il n’y ait pas Jabhat Al Nusra ?”
Il a répondu : “ Si seulement Nusra apparaissait, nous pourrions régler cette question, ils nous ont promis qu’ils vous laisseraient tranquille, et vous avez promis la même chose”.
Ok, donc dans ce cas, le procès était en ma faveur.
Avez-vous déjà entendu parler d’un procès où vous représentez les deux parties ?
C’est ce qui m’est arrivé, et j’ai des témoins pour corroborer cette version des faits.
Donc, nous nous sommes assis pour une autre audience. Le Tribunal m’a dit qu’il aimerait que cela soit résolu et, pour être honnête, je voulais qu’il soit rapidement résolu. Nous n’étions pas sans occupation au point de perdre du temps. Nous devions encore nous occuper de Al Wa’er et d’autres régions. Nous n’étions pas inoccupés pour arrêter l’un et l’autre aux points de contrôle, et combattre l’un contre l’autre. Donc à l’audience finale, bien-sûr le Jury était présent. Il a été jugé que je ne faisais pas partie d’Etat Islamique. Je ne souhaitais simplement pas les combattre.
Je reconnais que je ne veux pas combattre Etat Islamique et qu’une de mes raisons est que je ne veux pas opprimer les civils en les arrêtant sur des soupçons d’appartenance à Etat Islamique, pour finalement découvrir qu’il n’en est rien, comme la façon dont je suis moi-même encadré et opprimé, et certains de ces gens peuvent avoir des enfants.
Je ne suis pas obligé d’opprimer les gens pour découvrir plus tard qu’ils étaient seulement des civils et non des gens affiliés à Etat Islamique.
Donc, j’ai dit la cour : “Je veux seulement combattre le régime. Je me battrai jusqu’à la dernière goutte de sang”. Ils étaient bien conscients que je ne faisais pas partie d’Etat Islamique.
Le litige tout entier était basé sur mon refus de combattre Etat Islamique, et j’avais des témoins pour confirmer cela.
Ils m’ont alors dit : “Dans ce cas, vos lignes de front sont seulement tenues par votre groupe, et puisque vous ne combattez pas Etat Islamique, que ferez-vous quand ils viendront de votre côté ? Cela signifie qu’ils finiraient par entrer dans le Nord de Homs”.
Je leur ai dit d’amener les militaires et les conseils de la charia (loi islamique), de venir et d’observer les lignes de front, et de juger par eux-mêmes, si je me retrouve seul à Aydoun ou Dalak ou un troisième front dans le Nord. En outre, je leur ai dit que si la distance entre Etat Islamique et moi permet d’entrer de chaque côté dans un autre territoire, alors je leur remettrai le territoire, mes armes et moi-même. Ai-je dit quelque chose de mieux que cela jusqu’à maintenant ?
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Question :
Donc, le tribunal mis en place un conseil ? Qui faisait partie de ce conseil ?
Réponse :
Il était composé du chef de toutes les factions, Hajj Bilal de Fallaq Homs, et de commandants et d’un cheikh de la Cour Suprême.
Ils sont arrivés à l’improviste et ont trouvé Aydoun complètement sous les décombres.
Ils m’ont trouvé moi et Ahrar al sham, ce qui signifiait que je n’avais pas eu le monopole du front, et si je n’avais pas voulu combattre ISIS, Ahrar était, lui, prêt à le faire.
Alors quand ils sont allés sur le front de Dalak, ils ont trouvé ma brigade à seulement 40 mètres de Ajnad Al Sham et Jabhat Al Nusra – Trois factions différentes dans Dalak.
Ils ont également trouvé que la distance entre Etat Islamique et moi moi était de plus de 40 villages qui étaient contrôlés par le régime.
Il y avait Salmiyah et de nombreux points de contrôle, une grande distance entre nous.
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Question :
Donc le Conseil a présenté ses conclusions au Tribunal de sorte qu’il était impossible à Etat Islamique d’entrer dans cette zone ?
Réponse :
Oui, et j’ai des témoins.
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Questions :
Cependant, malgré cela, le tribunal a ordonné que vos combattants et vous deviez quitter vos fronts pour combattre dans une région différente, et vous a même reconnu coupable d’avoir prêté allégeance à Etat Islamique. Comment avez-vous répondu à cette décision, et pourquoi vous ont-ils demandé de changer vos fronts,
malgré avoir admis qu’il était impossible pour Etat Islamique d’entrer sur votre territoire ?
Réponse :
Ce fut le crime. J’ai refusé d’être déplacé parce que ma brigade tout entière était composée de gens du pays qui défendaient leurs villages avant tout et ils défendrais d’autres villages secondairement.
Si j’étais parti de ces régions, je n’aurais eu personne pour me soutenir, ou avoir des soutiens étrangers.
Le butin de guerre était juste suffisant pour nous, tout notre inventaire était constitué du butin de guerre.
En outre, ces combattants étaient locaux. Si j’avais dû aller à 30 km avec juste 5 de mes combattants, toute ma brigade serait tombée en morceaux. Cela aurait voulu dire qu’on m’aurait tué.
J’ai catégoriquement refusé sur le principe que le conseil avait trouvé que je ne faisais pas partie d’Etat Islamique et qu’ils ne pouvaient pas non plus entrer sur mon front.
C’était devant un conseil qui avait plus de 40 témoins.
Je lui ai demandé : “Hajj Bilal, quelles ont été les conclusions de votre conseil ?” Il a répondu : “Il est impossible pour Etat Islamique d’entrer où vous êtes affecté, vous avez un monopole sur ces zones”.
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Question :
Alors pourquoi ont-ils annoncé que vous étiez condamné pour avoir prêté allégeance à Etat Islamique ?
Réponse :
Parce que je l’avais rejeté leur jugement. Aujourd’hui, ces tribunaux unifient toutes les brigades et ils doivent former un consensus. Ceci est la vraie bataille. Ce n’est pas que je suis un membre d’Etat Islamique. Ma bataille était que la Cour Suprême représente toutes les factions, mais dominées par Ahrar Al Sham d’un côté, et par Jabhat Al Nusra de l’autre.
Maintenant, si je refuse leur jugement et qu’ils ne sont pas en mesure d’appliquer leur ordre sur moi, ils passeront pour des incompétents. Ahrar Al Sham et Nusra sont en compétition l’un l’autre,
maintenant pourquoi mon groupe et moi devrions être victimes de leur concurrence ?
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Question :
Cela me mène à ma prochaine question.
Très peu de temps après votre désaccord et le refus de la décision du Tribunal, une bataille a éclaté entre votre brigade et Jabhat Al Nusra parce qu’ils avaient capturé une partie de vos hommes de la brigade Shuhada Bayada. Nusra avait ensuite annoncé que deux des personnes capturées étaient des combattants d’Etat Islamique.
Dites-nous comment cet incident a commencé, et comment il a dégénéré avec votre brigade qui est devenue une cible ?
Réponse :
Premièrement, nous n’avons pas provoqué le combat qui a causé la riposte de Nusra.
La Cour Suprême – à laquelle je suis désolé d’avoir participé – a ordonné qu’aucune faction ou individu n’ait le droit de capturer des combattants d’une autre brigade, sans l’autorisation écrite de la Cour Suprême. Elle a également permis l’auto-défense si quelqu’un transgressait ces limites, cette documentation est visible pour tous.
Donc, je me suis personnellement comporté légalement en vertu de la charia (loi islamique) pour me défendre.
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Question :
Alors, que s’est-il passé ? Nusra a capturé ces hommes ?
Réponse :
Non, ils ne les ont pas capturés, ils ont enlevé le commandant militaire de Shuhada Bayada qui est mon parent qui se bat tous les jours dans le chemin de Dieu : mon cousin Nizar Sarout.
Après son enlèvement, ils ont dit à toutes les factions qu’ils avaient découvert des silencieux et des cibles en leur possession, et des instructions d’Etat Islamique.
Ils sont allés voir le cheikh Azzam pour lui dire qu’ils ont découvert une liste de résultats avec son nom dessus, et ils sont allés voir Ahmed Al Durzi pour lui dire que j’avais mon nom sur une liste noire.
Ils ont présenté toutes ces informations au Tribunal qui allait donner son verdict – une grande erreur – que mon groupe faisait partie d’Etat Islamique.
Bien sûr, ils (Nusra) avaient commencé par la mise en place des points de contrôle dans Zeytouna qui flanquaient mes forces de tous les côtés, ce qui a conduit aux affrontements.
Je reconnais que j’ai tiré sur eux, ils m’encerclaient et je tirais sur eux. Je ne suis pas parti, je les ai attaqués, je restais dans ma région et ils m’ont encerclé après avoir enlevé mes commandants. S’ils enlevaient mes hommes et commandants, alors chaque jour nous ne laisserions rien, j’avais le droit de me battre.
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Question :
Combien ont été tués de votre côté ?
Réponse :
8 frères
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Question :
Dans le différend ?
Réponse :
Dans le différend 2, mais dans les combats qui ont suivi, 6, et pas un seul de Jabhat Al Nusra n’a été tué.
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Question:
Nous y reviendrons plus tard, car nous avons omis trop de détails pour les téléspectateurs. Après un certain temps, Jabhat Al Nusra a attaqué un bureau à Al Ghanqo, village qui abritait 6 hommes du groupe Shuhada Bayada et tous les 6 ont été tués.
Pourquoi Jabhat Al Nusra a-t-il attaque ce bureau dans ce village libre sans en avoir eu l’autorisation du Tribunal ?
De plus, un différend est survenu entre eux et le Tribunal parce que le Tribunal avait publié une déclaration claire dénonçant les actions de Nusra, et les meurtres des hommes de votre groupe.
Je cite le Tribunal : “La Cour Suprême n’avait aucune connaissance préalable des attaques de Nusra, n’a donné aucune autorisation, et n’a pas participé à l’application d’une telle décision”.
Une entente verbale a été faite entre le Tribunal et Nusra, qui n’aurait effectué aucun raid dans la région orientale de Homs sans la connaissance du Tribunal.
Sinon, Jabhat Al Nusra n’aurait pas été engagé” Pourquoi Nusra ne s’est-il pas engagé lui-même ? Ce différend entre eux et vous s’est-il transformé en une affaire personnelle?
Réponse :
Si cela avait été personnel, cela aurait été moins grave, cela aurait effectivement été mignon. Toutefois cela a été pire que cela. Entre nous, cela a été de la défiance et un tac au tac.
N’importe comment, ils devaient prouver que j’étais avec Etat Islamique parce que si cela dégénérait, je ne serais pas une calamité. Cela faisait d’eux des criminels.
Vous ne m’avez pas laissé terminer ce que je disais avant, qui était beaucoup plus important.
Le moment où les factions m’ont enlevé, je jure par Dieu, je jure par Dieu, je jure par Dieu (trois fois), si j’avais voulu les tuer, j’aurais pu tuer pas moins de 150 d’entre eux, et nager dans leur sang.
Je jure par Dieu, je ne suis pas revenu en arrière pour les commandants, mais pour les soldats de toutes les factions que je respecte.
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Question :
Donc, vous avez refusé de les combattre ?
Réponse :
Je jure par Dieu que nous nous défendions, nous nous sommes retirés et avons été remis à l’armée commune malgré que nous avions la puissance nécessaire pour riposter.
Ahrar Al Sham, Jabhat Al Nusra, et toutes les factions, savent combien nous sommes inébranlables face au régime quand il nous attaque avec les forces terrestres et les jets.
Malgré toutes les attaques, nous détenons toujours notre terre.
Je jure par Dieu, j’ai eu peur pour leur vie plus que pour la mienne quand ils nous ont attaqués.
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Question :
Après que votre brigade n’ait plus eu aucune présence dans le Rif du Nord de Homs, le Tribunal a essayé de prouver votre engagement à Etat Islamique.
Il a même publié une vidéo intitulée « Tibyan Al Haqiqa » qui incorporait des images et communications WhatsApp et Skype pour prouver votre allégeance.
Pourquoi le tribunal poursuivait encore cette affaire pour établir la preuve de votre allégeance ?
Réponse : (d’un air moqueur)
Pour prouver aux gens que j’étais innocent.
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Question :
Comment ?
Réponse :
Avez-vous déjà entendu parler d’une condamnation qui prend 6-7 mois et qu’après la condamnation on commence à produire des preuves que je suis affilié à Etat Islamique et que je suis un criminel ?
Dans ce cas, pourquoi m’avez-vous combattu ? Grâce à Dieu, les factions ont été incriminéss dans ma tentative d’assassinat car Nusra leur a dit que j’avais des silencieux et des listes de résultats
d’Etat Islamique.
Toutefois ils (les factions) ont produit une vidéo d’un de leurs commandants disant que j’allais obtenir des silencieux et des listes de résultats, remarquez la nuance. A partir du moment où ils ont versé du sang, ils ont été incriminés, et ils devaient prouver que je faisais partie d’Etat Islamique, parce que si je n’en faisais pas partie, cela faisait d’eux des criminels.
Je n’ai qu’une petite faction, alors qu’ils ont des organisations et des soutiens, et ils ont la zone orientale, qui est une belle région géographique.
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Question :
Maintenant, devant les millions de Syriens qui sont les témoins de cette interview, que leur dites-vous ? Abdul Basset a-t-il prêté allégeance à Etat Islamique, oui ou non ?
Réponse :
Mon ami, en ce moment je suis en Turquie et non à Raqaa (capitale d’Etat Islamique en Syrie).
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Question :
Parlez-moi des plus beaux moments de la révolution que vous avez vécus. Quels ont été les plus beaux moments dont vous avez été témoin ?
Réponse :
Une manifestation qui a éclaté avec 40.000 manifestants, et une seule voix et un seul esprit, à l’unisson complet.
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Question :
Où voyez-vous la révolution syrienne à ce stade ?
Réponse :
Personnellement, je la vois en tant que personne individuelle hors de la révolution, mais je suis le fils de la révolution.
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Question :
Que voulez-vous dire par hors de la révolution ?
Réponse :
Comme je ne suis pas dans le pays de notre nation, je suis en dehors de la Syrie. Par Dieu, ces jours me rappellent le début de la révolution, ce sont les meilleurs jours de la révolution.
Voir ces gens qui sortent et ce problème a déjà été résolu, nous sommes déjà victorieux et ne pouvons pas être vaincus. Ces prochains jours, je crois que nous assisterons au point de basculement de la victoire. Par Dieu, c’est le pic de la victoire. Je ne me souviens de rien, sauf du le début de la révolution.
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Question :
Avant l’interview, vous m’avez dit que vous aviez des nouvelles chansons que vous chanteriez pour nous pour la première fois, pourriez-vous s’il vous plaît chanter pour nous ?
Réponse :
Avant que je fasse, je voudrais juste m’excuser si j’ai diffamé l’un des combattants.
J’envoie ce message à chaque combattant et à chaque faction, je ne généralisais à propos de Jabhat Al Nusra ni aucune autre faction.
Je parlais d’un Emir de Jabhat Al Nusra dans le Nord, qui croyait que j’avais pris certaines de ses prisonniers à Seydnaya.
Je ne les ai pas emprisonnés, par Dieu. C’est le régime qui les avait emprisonnés.
Les combattants de Jabhat Al Nusra ou Ahrar ou Fallaq Homs, toutes les factions, même s’ils m’ont combattu, je les pardonne tous, parce qu’ils m’ont combattu sous des ordres.
Les combattants sont une couronne sur ma tête et j’espère qu’ils ne pensent pas que je les attaquais.
Je dédie cette chanson au peuple syrien dans son ensemble. Cette chanson reflète aussi mes récentes épreuves. Elle est intitulée «Cette nation».
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Chanson :
Chanson : “Cette nation”
Cette nation avec nos âmes,
cette nation, c’est le sang qui coule dans nos veines,
cette nation aime Uthman et Al Farouq,
nous restons consternés et frères devenus désunis, mon Seigneur, aies la plus haute miséricorde et donne la victoire à la nation opprimée.
L’oppression, nous n’oublierons jamais,
et la victoire est à venir avec tambours battant.
Gardez patience, oh Derra,
nous avons posé nos vies pour vous.
Ne nous oubliez pas, ayez pitié de nous,
votre victoire est dans nos cœurs.
Les chiens de trahison
soutiennent ceux sur leurs sièges (puissance),
Ce sont eux qui ont amené des difficultés
sur cette nation.
Salutations à Idlib et Hora, nous avons besoin de vos hommes,
parfois j’ai faim faim et parfois
j’ai des larmes, mais je suis toujours fier.
Comme l’oppression et les calamités augmentent,
Les drapeaux du tawhid (unicité de Dieu) continueront de s’agiter sur les terres du Sham (Levant).
Quiconque transgressera votre terre (Syrie)
mourra sur votre terre.
Je suis Homs, je rêve à chaque instant que je te vois,
Oh Homs
Je te promets que jamais je ne t’abandonnerai,
et Madaya a obtenu de l’aide, mais, oh Saad, quand en obtiendras-tu ? Ils ont trahi et nourri Fua, et ont affamé tout son peuple.
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Déclaration finale de Sarout :
Cette nation, la terre du Levant, son peuple, n’a jamais été Sahawat ni murtad (apostats),
cette nation est celle qui a commencé cette révolution, et elle prendra fin en étant victorieuse.
Déclaration finale de l’hôte :
Si Dieu le veut, et un remerciement particulier à notre frère Ayman al Masri, une étoile de cette révolution, qui a écrit ces belles paroles.
Mes salutations à tous les Syriens, où qu’ils soient, que Dieu leur donne à tous la patience, en d’autres terres et en Syrie, et de la patience pour que nous puissions tous vivre des jours meilleurs si Dieu le veut.
Si Dieu le veut, après beaucoup de difficultés, il y aura une grande pause.
Je vous remercie de m’avoir regardé, et je m’excuse pour tant de détails.
Cependant, ces détails concernent le sang de nos jeunes qui sont les fleurs de cette révolution.
Puissiez-vous rester en paix.